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lieues de Vienne. Il entra en négociations ; il n’y eut pas d’armistice proprement dit, il y eut une simple suspension d’armes de cinq jours, délai matériel nécessaire pour donner aux envoyés du cabinet autrichien le temps d’arriver au quartier-général. Or des armées étaient également en présence sur le Rhin, et sur ce point plus éloigné du centre des négociations, où le résultat n’en pouvait être promptement connu, un armistice était nécessaire. Le général Hoche venait de passer le fleuve et de remporter un premier succès qui isolait de l’armée autrichienne deux places importantes : Mayence, qui, en cas de retour offensif, assurait le passage du Rhin aux impériaux, — Ehrenbreitstein, situé, il est vrai, sur la rive gauche, mais qui domine Coblentz et le confluent de la Moselle. Voici l’article relatif à la situation de ces places inséré dans l’armistice signé à Francfort le 24 avril 1797 entre le général Hoche et le général Werneck :

« Dans le cas où les hostilités recommenceraient, les places de Mayence et d’Ehrenbreitstein seront ravitaillées pour autant de jours que l’armistice aura duré. Les généraux autrichiens préviendront les généraux français de ce ravitaillement, afin qu’il puisse être constaté. Il pourra être fait de huit en huit jours pendant le temps que durera l’armistice seulement. »

Reportons-nous à deux années plus tard. Le premier consul vient de gagner la bataille de Marengo ; il conclut le lendemain même une convention par laquelle les Autrichiens abandonnent le pays et les places jusqu’à la rive droite du Mincio. Cette fois encore la guerre avait l’Allemagne pour théâtre, et Moreau venait d’entrer à Munich. Sur ce point, un armistice fut conclu à Passdorf le 15 juillet 1800 et signé par un des officiers de Moreau, le général Lahorie, qui fut peu après compris dans sa disgrâce et fusillé lors de la conspiration du général Mallet. Trois places importantes restaient aux mains des impériaux en arrière des lignes occupées par les Français, C’étaient Philipsbourg sur le Rhin, forteresse célèbre dans les guerres du XVIIe et du XVIIIe siècle, Ulm et Ingolstadt sur le Danube. Il fut convenu que « les places comprises dans la ligne de démarcation qui se trouvaient encore occupées par les armées impériales resteraient sous tous les rapports dans cet état, lequel serait constaté par des délégués nommés à cet effet par les généraux en chef des deux armées ; qu’il ne serait rien ajouté à leurs moyens de défense, et qu’elles ne pourraient gêner la libre navigation des rivières et les communications qui passeraient sous leur commandement, lequel est fixé à 2,000 toises de rayon du corps de la place ; que leurs approvisionnemens ne pourraient être renouvelés que tous les dix jours et dans la proportion de la consommation réglée. »

Les négociations qui suivirent l’armistice de Passdorff furent rompues sans avoir amené la paix, et les hostilités furent reprises. La fortune resta encore favorable aux Français, et à la suite de la bataille de