Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’EMBRYOGÉNIE
ET
LA PISCICULTURE EN FRANCE

Il y a quelque temps, un des professeurs de l’université de Fribourg en Brisgau, parlant dans une solennité académique du rôle effacé de la France dans le monde, prétendait que « l’anatomie microscopique, l’embryogénie, sont de pures sciences allemandes, dans lesquelles les Français ne peuvent revendiquer que fort peu de services dignes d’être mentionnés. » M. Ecker est un naturaliste distingué ; mais son opinion, exprimée d’ailleurs en termes d’une courtoisie relative, paraît se ressentir, quelque peu de l’ébranlement moral causé par la guerre. Sans accepter tout à fait ce qu’il dit de l’anatomie microscopique, nous reconnaissons que cette science a fait moins de progrès chez nous qu’en Allemagne. Nous avons essayé de montrer ici même[1] quelle avait été la funeste influence de Cuvier sur cette partie de l’anatomie dont le microscope est devenu l’instrument par excellence. Tandis que l’Allemagne, grâce au jeu de ses institutions universitaires, avançait dans la voie ouverte par notre Bichat, la France devait attendre jusqu’en 1860 que le gouvernement créât une chaire d’anatomie microscopique appliquée à l’homme ; celle des animaux n’a pas encore d’enseignement officiel. Par ce côté, cela n’est que trop vrai, nous avons beaucoup à envier à nos voisins ; mais il en est autrement de l’embryogénie. Le zèle patriotique de M. Ecker a certainement obscurci sa mémoire ; il ne pouvait guère être plus mal inspiré. Notre pays, en cette

  1. Voyez la Revue du 1er  janvier 1872.