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LE
TRAVAIL DES FEMMES
DANS LA PETITE INDUSTRIE

En décrivant la situation des ouvrières des manufactures, nous avons signalé les institutions ou les réformes qui peuvent améliorer leur destinée et en même temps contribuer au rétablissement de la paix sociale[1]. Le sort des femmes employées dans les mille métiers de la petite industrie n’est pas moins digne d’intérêt, et nous voudrions indiquer aujourd’hui les causes de leur misère et les moyens de la soulager. Un moraliste éloquent, M. Jules Simon, nous a précédé, il y a douze ans, dans cette voie ; mais en un siècle aussi mobile ces matières se renouvellent sans cesse, et doivent être périodiquement soumises à un examen minutieux. Une foule de faits authentiques, précis, concluans, ont été recueillis dans ces dernières années. En 1864 a paru le volumineux rapport de la chambre de commerce de Paris sur l’industrie parisienne ; un peu plus tard, le gouvernement a livré au public les dépositions de l’enquête sur l’enseignement professionnel ; la commission de l’exposition internationale de 1867 a mis au jour, sous le titre d’Enquête du dixième groupe, un ensemble d’informations précieuses ; il y a deux mois à peine, un inspecteur-général de l’université, M. Gréard, directeur de l’enseignement primaire de la Seine, adressait au préfet de ce département un mémoire sur l’apprentissage dans les ateliers et sur les écoles d’apprentis. Dans la même période de dix ans, de hauts fonctionnaires de l’instruction publique étaient envoyés dans les pays voisins, en Allemagne et en Angleterre particulièrement, pour nous renseigner sur l’éducation des classes moyennes et des classes ouvrières de ces contrées. On voit que le zèle spéculatif n’a

  1. Voyez la Revue du 1er février 1872.