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réclamée. Or dans le premier mois, en octobre, les paiemens en espèces n’ont été que de 300,000 fr., et malgré les décrets et les décisions ministérielles qui ont continué les à-comptes mensuels de 50 fr. par livret, l’ensemble des paiemens en espèces jusqu’au 31 mars 1871, durant six mois, n’a été que de 1,750,000 francs ; les déboursés du trésor se réduisent même à 1 million, si l’on retranche des 1,750,000 francs remboursés 750,000 francs versés par les déposans dans les mêmes six mois. Quant aux bons du trésor, ils ont été livrés aux déposans réclamans pour 447,060 fr. C’est donc au total moins de 1 million 1/2 de francs que le trésor a déboursé d’octobre à mars pour répondre aux demandes sur un solde de 44 millions de francs. Il faut reconnaître que le trésor s’est tiré de la situation sans grands frais ni grand’peine, et à la satisfaction des intéressés. Quelle différence entre ces résultats et ceux de 1848 !

La commune, c’est-à-dire le second siège de Paris, du 18 mars au 28 mai, ne modifia que peu le mouvement des retraits. Les remboursemens continuèrent sur les bases des décrets mensuels ; ils furent, à partir du 1er avril, de : 41,000 francs, 46,000 fr., 67,000 fr., 39,000 fr., 58,000 fr., 40,000 fr., 36,000 fr. ; le 20 mai, veille de la lutte décisive, 74,000 fr. ; le 27 mai, pendant la lutte, 1,752 fr. seulement ; puis, recrudescence immédiate le 3 juin : 54,000 fr. Par une habile précaution, l’administration de la caisse d’épargne s’était ménagé à son compte-courant à la Banque de France un solde plus fort que d’habitude : elle puisa là pour ses opérations d’espèces ; mais le service des bons du trésor et les achats de rente durent cesser à partir du 2 avril. La caisse d’épargne resta imperturbablement ouverte, et ne cessa pas de recevoir des versemens. Ces versemens diminuèrent, il est vrai, très rapidement : voici les chiffres, en milliers de francs, à partir du 18 mars : 87,000 fr., 35,000 fr., 27,000 fr., 17,000 fr., 5,000 francs, 7,000 fr., 3,000 fr., 4,000 fr., 4,000 fr., 3,000 francs ; 3,461 francs le 27 mai, et 752 fr. le 3 juin ; dès le 10 juin, reprise des versemens pour 18,544 francs.

L’ordre rétabli, le gouvernement et l’assemblée nationale voulurent témoigner de leur estime et de leur bienveillance pour les déposans des caisses d’épargne en leur ménageant une faveur : la loi du 21 juin 1871 les autorisa à demander la conversion de leurs dépôts en titres libérés de rentes 5 pour 100 aux conditions de la souscription de l’emprunt du 23 juin. Quatre jours leur étaient accordés pour manifester leurs intentions. La caisse d’épargne de Paris reçut 4,509 demandes ; le capital converti a été de 2,096,747 fr. 90 cent. Peu de jours après, la loi du 12 juillet 1871 abrogeait toutes les restrictions imposées par suite du décret du 17 septembre 1870, et les caisses d’épargne reprenaient le 17 juillet 1871 leur action statutaire.

En définitive, le stock de la caisse d’épargne de Paris, compté pour 54 millions avant la guerre, est descendu à 44 millions le 17 septembre