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donneraient lieu à une indemnité de 30 fr. au moins et à des multiples de 30 fr. sans fraction, et, pour en acquitter le montant, le ministre des finances serait autorisé à créer pour 441,150,000 fr. de titres négociables, nominatifs ou au porteur, de 30 fr. au moins ou des multiples de 30 francs, ne portant pas intérêt et remboursables en trente années au moyen de soixante coupons semestriels dont le premier serait payable le 1er janvier 1874. Enfin comme ressource nécessaire pour couvrir à la fois la dépense à faire et la dépense déjà faite, il serait, à dater du 1er janvier 1874, perçu un décime de guerre sur le principal des trois contributions foncière, personnelle et mobilière, et des portes et fenêtres. Tel est dans les principaux détails l’amendement de M. Caillaux : discutable en beaucoup de points, il a du moins ce mérite, qu’on néglige trop souvent, c’est qu’en proposant une dépense il crée une ressource suffisante pour en assurer le paiement. Ce qu’il y faut remarquer encore, c’est que, par la création de titres négociables, il fournit à chacun le moyen de liquider sa créance. La ville de Paris n’aurait à en souffrir que pour un déplacement d’échéances ; elle ne recevrait qu’en 1874 ce que le projet de loi du gouvernement lui alloue dès 1872.

Il ne semble pas néanmoins que la commission du budget se soit sérieusement arrêtée à l’amendement de M. Caillaux. Peut-être a-t-elle reculé devant le raffinement des moyens et l’abaissement des coupures. Elle est d’ailleurs très partagée ; ce qui la trouble, c’est la nécessité de tenir la balance égale entre ces diverses prétentions. Elle ne voudrait pas être injuste pour Paris, mais en même temps elle craint de mécontenter la province, qui a le nombre, et qui se flatte de disposer du vote. C’est le sort de Paris d’être battu quand il n’a pas surabondamment raison. Plusieurs combinaisons ont été proposées sans qu’aucune ait été définitivement admise. Il en est une pourtant qui a failli aboutir, et qui avait l’avantage de ne confondre ni les titres ni les allocations. On y maintenait pour Paris toutes les conditions inscrites dans le projet de loi présenté par le gouvernement, les charges consenties, les annuités promises. La commission acceptait tout, sans contester les échéances anticipées pour les paiemens. Le vote même avait eu lieu par 16 voix contre 5. Quant aux départemens, le débat avait pris un autre tour : réflexion faite, on avait écarté pour eux le service des annuités comme trop précaire et ne répondant point à des besoins urgens. Se rejetant dans l’excès contraire, et faute d’avoir sous la main une échelle convenable et une forme appropriée pour les délais, on avait brusquement résolu de donner à la loi du 6 septembre 1871 une sanction immédiate en distribuant dans le courant de l’année les 100 millions qu’elle tient en réserve pour cette destination. Le vote avait