Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/774

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
MAITRES D'AUTREFOIS

IV.[1]
L’ECOLE HOLLANDAISE. — RUYSDAEL. — CUYP.


I

La Haye.

Quand on n’a pas visité la Hollande et qu’on connaît le Louvre, est-il possible de se faire une idée juste de l’art hollandais ? Très certainement. Sauf quelques lacunes rares, tel peintre qui nous manque presque absolument, tel autre dont nous n’avons pas le dernier mot, et la liste en serait courte, le Louvre nous offre sur l’ensemble de l’école, sur son esprit, son caractère, ses perfections, sur la diversité des genres, un seul excepté, — les tableaux de corporations ou de régens, un aperçu historique à peu près décisif et par conséquent un fonds d’études inépuisable.

Harlem possède en propre un peintre dont nous ne connaissions que le nom, avant qu’il ne nous fût révélé très récemment par une faveur bruyante et fort méritée. Cet homme est Frans Hals, et l’enthousiasme tardif dont il est l’objet ne se comprendrait guère hors de Harlem et d’Amsterdam. Jean Steen ne nous est pas beaucoup plus familier. C’est un esprit peu attrayant qu’il faut fréquenter chez lui, cultiver de près, avec lequel il importe de converser souvent pour n’être pas trop choqué par ses bruyantes saillies et par ses licences, — moins éventé qu’il n’en a l’air, moins grossier qu’on ne le croirait, très inégal, parce qu’il peint à tort et à travers, après boire comme avant. Somme toute, il est bon de savoir ce que vaut Jean

  1. Voyez la Revue des 1er, 15 janvier et 1er février.