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LA
SOCIETE DES AGRICULTEURS
DE FRANCE

La septième session générale de la Société des agriculteurs de France va s’ouvrir le 15 mars à Paris. Composée de ceux que le progrès agricole intéresse, depuis le fermier le plus modeste jusqu’au châtelain le plus opulent, cette société a en outre ouvert ses rangs aux hommes les plus marquans dans l’industrie et les sciences, et elle a inscrit parmi ses membres honoraires de grandes illustrations aristocratiques de l’Italie, de la Russie et de l’Angleterre. Créée à peine depuis quelques années, elle a pris un grand développement, qui est la meilleure preuve de son utilité.

L’époque où nous vivons marquera en effet par une sorte de crise pour l’agriculture française. Le haut prix de toutes les choses de la vie a sans nul doute apporté une amélioration notable dans le sort des cultivateurs, qui les produisent et qui les vendent ; mais ce progrès ne s’est point réalisé sans plus d’une compensation fâcheuse pour eux. Ainsi la construction des voies de communication qui facilitent l’écoulement des produits du sol a enlevé des bras nombreux à la culture. La population rurale en a été comme décimée. L’union patriarcale des familles de paysans traditionnellement nombreuses est à tout jamais détruite. Elle était autrefois la base du travail agricole. Jadis il était nécessaire de produire à peu près tout sur un même domaine ; la liberté des échanges a fait succéder à cette antique nécessité la tendance obligatoire à la spécialisation des produits. Tous ces changemens sont arrivés d’une façon un peu subite pour notre agriculture, qui y était mal préparée par un manque trop général d’instruction. La tradition, d’autres diront la routine, lui avait pleinement suffi pour ses anciens erremens ; mais cette