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UN CONFIDENT
DU
PRINCE DE METTERNICH

Dépêches inédites du chevalier de Gentz aux hospodars de Valachie, tome Ier, Paris 1876.

Journaliste, pamphlétaire, diplomate et conseiller d’état à l’occasion, secrétaire des grands congrès, ami et confident de Metternich, le plus répandu et le plus recherché des hommes dans le monde cosmopolite où se nouaient et se dénouaient à Vienne les grandes affaires et les petites intrigues, plein de talent avec cela, et plein de passion, Gentz est un de ces personnages de second plan auxquels il faut toujours revenir lorsque l’on veut connaître, non plus sous le costume d’apparat et le décor officiel, mais dans la vie pratique et réelle, la diplomatie autrichienne pendant la première partie de ce siècle. La vie privée de Gentz est un roman, sa vie publique se déroule au milieu des événemens les plus singuliers de l’histoire moderne[1]. Il est d’ailleurs pour nous un objet d’étude et de curiosité plutôt qu’un objet de sympathie. Il n’aimait pas notre pays. Ennemi implacable de la révolution et de l’empire, il était de ceux auxquels la haine de la France fit une sorte de patriotisme allemand. L’Allemagne toutefois semble toujours être demeurée pour Gentz une belle expression littéraire dont il se servait pour relever l’éloquence de ses pamphlets contre Napoléon ; son

  1. Sur la vie privée de Gentz et l’ensemble de sa carrière, voyez, dans la Revue du 1er juin 1868, Diplomates et publicistes de l’Allemagne, Frédéric de Gentz, par M. Challemel-Lacour.