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UNE
EXCURSION A BISKRA

Constantine, 1er septembre 1878. — Tous les temps ne sont pas également favorables pour les personnes qui méditent une course à Biskra, mais on peut, jusqu’à un certain point, prévoir les conditions atmosphériques du Sahara. Une des singularités du climat de Constantine vient de la marche si diverse que suivent les orages selon les époques différentes de l’année. A partir des premiers jours d’août, leur marche devient moins vagabonde, et, sous la forme d’une masse sombre de nuages épais, ils s’arrêtent sur Constantine et font retentir les profondeurs du ravin du bruit d’un sourd roulement vingt fois ; répété ; la pluie tombe à torrens, le Rummel grossit, la ville devient déserte et boueuse ; aucun Arabe ayant un toit pour se couvrir ne veut exposer ses blancs vêtemens à la poussière délayée qui rend les rues impraticables ; la campagne perd la couleur qui la parait d’un si beau vernis et n’offre plus au touriste que les aspects d’un paysage grisâtre de la Suisse. Tout à coup le soleil luit de nouveau ; l’éclat du ciel, le violet des montagnes, reparaissent, et tout semble renaître. La vie, un instant interrompue, reprend toute son animation. En septembre, on a plus fréquemment encore le spectacle des orages ; l’atmosphère devient plus variable, tantôt accablante, tantôt humide et froide ; c’est le signal qui nous est donné de porter nos pas vers une zone plus sèche et plus chaude. Le voyage tant désiré de Biskra est enfin résolu. Les nouvelles qui arrivent du désert disent que la température y est devenue tolérable et qu’en prenant des précautions contre les ardeurs du soleil on peut à présent s’y rendre sans danger.

Le lundi 23 septembre, nous montons dans la lourde diligence de Batna, que nous avions vue avec envie passer tous les soirs sous nos