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ensevelies sous la cendre du Vésuve, et le nombre s’en était beaucoup accru par les fouilles pratiquées au commencement de ce siècle, à Pompéi, sous la domination française ; depuis lors, malgré l’indolence et la lenteur avec laquelle était conduite l’exhumation de la ville morte, il s’augmentait tous les ans ; on avait aussi retrouvé à Rome et dans d’autres endroits des fragmens de peintures murales du même genre. Cependant, quel que fût l’intérêt de tous ces morceaux, ce n’était toujours là que des ouvrages plutôt italiens que vraiment grecs, qui, pour la plupart, avaient décoré les maisons de petites villes de province. Les plus soignés même de ces tableaux, ceux que l’on admire le plus, appartiennent tous à une époque qui, si vous la comparez au Ve et au IVe siècle avant notre ère, peut être qualifiée d’époque de décadence ; tout au plus nous permettent-ils de remonter avec quelque vraisemblance à la facture et au goût de la société alexandrine[1]. Tout en ayant vu sortir de terre les premières fresques pompéiennes, Winckelmann et ses successeurs immédiats ne possédaient donc aucun moyen de définir, par des monumens conservés, le style des grandes écoles de peinture qui se sont succédé en Grèce entre les guerres médiques et les premiers temps de la période macédonienne. Cette entreprise alors impossible, on peut au contraire, dans une certaine mesure, la tenter aujourd’hui. C’est que, dans l’intervalle, on a fait sortir de terre, par centaines et par milliers, ces vases d’argile ornés de figures, que les gens du monde s’obstinent encore à nommer vases étrusques ; c’est qu’on les a classés, décrits, expliqués de manière à ne laisser sans solution presque aucun des problèmes qui s’y rattachent.

Gerhard avait ouvert la voie, en 1831, par son fameux Rapport sur les vases de Vulci[2] ; de nombreux érudits s’y sont engagés à sa suite, et chaque jour presque les séries qu’ils ont établies s’enrichissent de nouveaux monumens qui viennent s’y ranger chacun à sa place. Ces vases, on le sait aujourd’hui, ont été fabriqués un peu partout, à Athènes, à Corinthe, dans les villes grecques de l’Afrique, de la Sicile et de l’Italie ; ils ont été avidement recherchés par quelques-uns de ces peuples que les Grecs traitaient de barbares, par les Gréco-Scythes de la Crimée comme par les Sabelliens et les Étrusques de l’Italie ; ces derniers même les ont parfois imités plus ou moins gauchement ; mais, on est unanime à le

  1. Dans la Revue du 1er octobre 1879, M. Boissier a résumé les idées qu’a exposées à ce sujet l’homme qui connaît le mieux cette matière, M. Wolfgarg Helbig, auteur des recherches sur la peinture murale de la Campanie (Untersuchungen ueber die Campanische Wandmalerei ; Leipzig, 1873).
  2. Rapporto intorno i vasi Volconti (Annales de l’Institut de correspondance archéologique, t. III, p. 218).