Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son pour que des acheteurs sans consistance puissent impunément gagner sur ces titres 50 ou 100 francs par mois, moyennant un report de 14 à 16 francs. Un tel jeu ne saurait durer longtemps. Aussi de 1,800 francs le foncier s’est-il vu refoulé un moment à 1,500 francs ; le voici de nouveau dans les environs de 1,700. C’est encore un bien beau prix.

Un des établissemens de crédit les plus justement appréciés est sans contredit la banque de Paris. Grâce à l’activité de son conseil et à l’étendue de ses relations, la banque de Paris exerce un peu partout son action. Il y a quelques mois, elle fondait sur.les rives du Saint-Laurent un crédit foncier dont l’avenir s’annonce très prospère. En ce moment, elle prépare avec le concours de la société des chemins autrichiens la jonction des voies ferrées entre Vienne et Constantinople par la Roumanie, la Bulgarie et la Roumélie orientale.

C’est principalement en Autriche qu’une autre société qui déploie aussi beaucoup d’activité et qui ne compte encore que des succès, l’Union générale, a multiplié ses créations. Déjà, l’automne dernier, elle avait constitué, au capital de 100 millions de francs, la banque impériale et royale privilégiée, dont les actions libérées de 250 francs se cotent avec une très forte prime. Tout récemment elle a créé à Pesth, sous le nom de Banque des pays hongrois, une institution analogue, à laquelle viendra bientôt se joindre, à Belgrade, un troisième établissement de crédit. L’émission des titres de la Banque des pays hongrois vient d’avoir lieu. Un certain nombre de ces titres avait été réservé à la clientèle de l’Union générale : il est très vraisemblable que le reste sera vite absorbé tant à Pesth et à Vienne qu’à Paris.

La banque d’escompte, qui va donner cette année encore un très beau dividende à ses actionnaires, a vu, pendant l’exercice écoulé, les diverses entreprises qu’elle a créées elle-même ou à la formation desquelles elle a coopéré prendre une assiette de plus en plus solide. C’est ainsi que la banque hypothécaire, qui était restée longtemps stationnaire aux environs de 600 francs, s’est relevée d’une centaine de francs, grâce au développement qu’ont pris en très peu de temps ses opérations. La fermeté avec laquelle l’action de la banque d’escompte s’est constamment maintenue au-dessus de 800 francs est donc amplement justifiée. Il est même à supposer que cette fermeté ne peut que s’accentuer, si la tendance du marché, qui est de capitaliser les sociétés de crédit de premier ordre sur le pied de 4 à 4 1/2 pour 100, n’est pas contrarié par les événemens.


Le directeur-gérant : G. Buloz.