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ESQUISSES LITTERAIRES

ALFRED DE MUSSET

DEUXIÈME PARTIE.[1].

Le Spectacle dans un fauteuil s’ouvre par une longue et célèbre préface en vers qui nous est une occasion d’épuiser pour n’y plus revenir tout ce qu’il nous reste à dire sur les opinions littéraires et autres d’Alfred de Musset. Dans cette préface dédiée à l’ami Alfred Tattet, le poète faisait une profession d’indifférentisme politique et religieux qui n’admettait d’exception que pour l’art et l’amour. Cette préface lui a été mainte fois reprochée, et, assez récemment encore, c’est principalement sur ce morceau que s’est appuyée certaine velléité de réaction contre le poète. Ce n’a été qu’une velléité, mais s’il est quelque jeune conférencier qui soit ambitieux de gloire oratoire, il peut renouveler la tentative en toute confiance ; il y a là un thème tout trouvé dont le développement est facile et qui se prête à merveille à des déclamations dont l’effet est toujours certain. Au fond, et en bonne critique, le reproche n’est pas sérieux parce qu’il a le tort grave de s’adresser à un autre homme que celui qu’il était, et d’admettre qu’un poète d’une personnalité aussi tranchée aurait pu être s’il l’avait voulu autre qu’il n’a été. Reprocher

  1. Voyez la Revue du 1er mai.