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REVUE DRAMATIQUE

Château-d’Eau : Malheur aux pauvres ! — Gaîté : Monte-Cristo. — Gymnase : les Premières Armes de Richelieu. — Comédie-Française : Britannicus, l’École des maris. — Odéon : Marie Touchet, le Diner de Pierrot.

J’ai surpris, ces jours derniers, dans un de nos ministères, les doléances d’un brave homme qui n’avait pu, faute d’une pièce, toucher deux trimestres échus de sa pension de retraite. Cette pièce qui lui manquait, c’était un certificat de vie daté de la fin du premier trimestre : il avait négligé de l’apporter, pensant qu’il aurait assez d’un certificat pareil daté de la fin du second. Oh ! que nenni ! l’administration ne se contente pas de si peu. « Mais, gémissait ce vieillard, si je vivais en juin, c’est apparemment que je n’étais pas mort en janvier. — Rien ne le prouve, » répondait l’employé, de ce ton d’autorité un peu ombrageuse et méfiante, qui sied mieux que tout autre à un sage interprète des règlemens.

Le public est moins rigoureux que MM. les scribes des finances ; et puisqu’à cette place j’ai raconté, le 1er juillet de cette année, comment le drame ou du moins le mélodrame avait péri, — par l’abus de l’intrigue et de l’invention saugrenue, par la disette d’observation et la pénurie de style, — peut-être il paraîtra superflu que je renouvelle, le 1er novembre, ce certificat de mort, et vous me dispenserez de redire pour quelles raisons les écrivains qui cherchent fortune sur l’ancien « boulevard du crime » sont réduits sous peine de mécompte à modifier leurs procédés. Nous tiendrons pour acquis, si vous le permettez, que le vieux drame est mort, et, sans récriminer davantage, nous guetterons avec intérêt la venue du drame nouveau. Quel sera celui-ci ?