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LES
DEUX DERNIÈRES CAMPAGNES
D’ALEXANDRE

I.[1]
LA BATAILLE DE L’HYDASPE.


I

Lorsqu’en l’année 1524 de notre ère, l’empereur Baber, le fondateur de la dynastie mongole dans l’Inde, déjà maître de Caboul, envahit le Pendjab, il demeura frappé d’étonnement. « Il me semblait, dit-il, pénétrer dans un nouveau monde : l’herbe, les arbres, les animaux sauvages, les oiseaux, les mœurs et les usages des tribus nomades, tout différait de ce que j’avais vu jusqu’alors. » Les sensations de soldats qui venaient de traverser la Chaldée, la Susiane, la Perside, la Médie, ne purent être naturellement aussi vives que celles d’un Tartare du Kokhand qui n’avait jamais, de son propre aveu, « visité de contrée méridionale. » L’armée d’Alexandre s’attendait, sur la foi de ses traditions, à pénétrer dans un monde étrange, et peut-être l’étrangeté resta-t-elle au-dessous du tableau qu’une imagination portée au merveilleux depuis longtemps s’était fait. Les Grecs avaient dans Homère la foi absolue et aveugle que la plupart des nations musulmanes accordent encore de nos jours au Coran. Que disait Homère ? « Neptune est allé visiter les Éthiopiens qui habitent aux

  1. Voyez dans la Revue des 1er février et 1er mars l’Héritage de Darius.