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arrivages de mer. Cependant, vers le milieu de juin, des Douair et des Sméla recommencèrent à se montrer sur les marchés ; quelques chevaux même arrivaient pour la remonte des chasseurs d’Afrique.

Au mois d’août, un second maréchal-de-camp fut envoyé de France à Oran ; dès lors le général Boyer, heureux de pouvoir s’égaler un peu plus au duc de Rovigo, constitua en division les troupes de son commandement : la première brigade, commandée par le général de Trobriand, se composait d’un bataillon du 20e du 4e bataillon de la légion étrangère et du 2e régiment de chasseurs d’Afrique ; la seconde brigade, sous les ordres du général Sauzet, était formée du 66e, d’une compagnie de vétérans et d’une compagnie de fusiliers de discipline.

On savait que l’époque de la récolte est toujours un temps de paix chez les Arabes, mais qu’aussitôt après, leurs instincts belliqueux demandent à se satisfaire. Chose curieuse, c’était l’approvisionnement des marchés d’Oran qui était devenu le sujet d’une compétition entre plusieurs tribus. Les Douair et les Sméla prétendaient s’en arroger le monopole et gardaient les approches de la ville, tandis qu’à, huit lieues, sur la route de Tlemcen, des caravanes convoyées par les goums des Béni Ameur et des Angad s’apprêtaient à forcer le passage. Les uns et les autres allaient en venir aux mains quand Mahi-ed-Dine accourut, reprocha aux deux partis l’impiété de leur conduite et leur fit promettre encore une fois de renoncer au commerce avec les chrétiens.

Le 31 août, le 19 septembre, le 12 octobre, il y eut quelques démonstrations des Gharaba à la fois contre Oran et contre les Douair qui paraissaient disposés à braver les malédictions du marabout ; depuis la mort de Mouserli, les Sméla, au contraire, semblaient redevenus hostiles aux Français. Enfin, le 23 octobre, 500 cavaliers se jetèrent sur le troupeau de la place, qui paissait une herbe bien maigre au milieu des ruines de Kerguenta, mais leur tentative échoua ; attirés ensuite dans une embuscade, ils se trouvèrent engagés tout à coup avec deux escadrons de chasseurs d’Afrique que soutenaient 200 hommes du 66e. Le général de Trobriand et le colonel de Létang menaient la charge. Ainsi reçus à la pointe du sabre, les Arabes perdirent beaucoup des leurs et se dispersèrent.

La grande convocation annoncée par Mahi-ed-Dine s’était faite ; mais, au lieu de 30,000 combattans, il n’avait pu rassembler que 3,000 chevaux et 1,000 hommes de pied. Le 11, accompagné d’Abd-el-Kader, il se présenta sous les murs d’Oran. Le général Boyer, qui ne sortait jamais de la place, voulut en cette circonstance prendre le commandement des troupes. La ligne des cavaliers arabes s’étendait le long des hauteurs entre les routes de Tlemcen