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Langres pour Henri VI, d’autre part, avec Jean de Vergy, seigneur de Fouvent et de Vignory, sénéchal de Bourgogne. Par ces traités, il s’assurait l’appui, non-seulement des deux grands seigneurs avec lesquels il avait traité, mais encore du damoiseau de Commercy, neveu du seigneur de Châteauvillain, et aussi d’Antoine de Vergy et du bâtard de Vergy, oncles de Jean de Vergy. Beaucoup de seigneurs de moindre importance tels que Perrin de Montdoré, seigneur d’Ancerville, Jean de Choiseul, seigneur d’Aigrement, Barthélémy de Clermont, seigneur de Sainte-Livière, Pierre de Clefmont, seigneur de Nancey, Henri d’Orly, capitaine de Doulevant, formaient en quelque sorte la clientèle féodale et militaire du seigneur de Joinville.

La partie méridionale du Barrois et l’enclave française de Vaucouleurs se trouvèrent ainsi comme cernées par un cercle d’ennemis aussi nombreux que puissans. René d’Anjou et Robert de Baudricourt avaient également intérêt à lutter contre les Anglais, contre les Anglo-Bourguignons et contre Antoine de Lorraine devenu le client des premiers et l’allié des seconds ; ils unirent donc leurs forces contre l’ennemi commun. Robert avait prêté quelques-uns de ses soudoyers à René lorsque celui-ci avait mis le siège devant Rimaucourt. Dans les premiers jours de janvier 1427, des chariots qui appartenaient au capitaine de Vaucouleurs furent amenés à Gondrecourt, on ne sait pour quel usage. En retour, dès les premiers mois de 1425, la garnison de Vaucouleurs fut admise à s’approvisionner à Gondrecourt ; et lorsqu’elle revenait de faire quelque incursion en Bourgogne, elle trouvait à vendre aux bourgeois de cette ville, malgré la défense du duc, tout ou partie du butin qu’elle avait recueilli. On voit dès lors le duc René et Robert de Baudricourt faire un perpétuel échange non-seulement de leur matériel, mais encore du personnel de leurs garnisons. Les principaux compagnons d’armes du capitaine de Vaucouleurs, Aubert d’Ourches, Jean de Roncourt, Jean de Metz, Guillaume de Sampigny, Jean de Nancey, se mettent tour à tour au service de René, duc de Bar, et de Louis, évêque de Verdun, grand-oncle de René, dit le cardinal de Bar. Lorsque le cardinal avait cédé le Barrois à son petit-neveu, il s’était réservé l’usufruit de la châtellenie de Foug, qui comprenait les paroisses de Foug, de Chanley, de Saint-Germain, de Domgermain, de La Neuville, de Lay, de Savonnières, de Pargny, de Joyey, de Boucq et de Sorcy. Foug et Sorcy étaient deux places fortifiées, dont l’évêque de Verdun avait confié la garde au capitaine de Vaucouleurs. C’est pour cette raison que deux messages en date des 7 mai et 5 octobre 1427 furent adressés par René, duc de Bar, à Robert de Baudricourt, non, comme on pourrait le croire, à Vaucouleurs, mais à Sorcy.

En Bassigny, les seigneurs anglo-bourguignons montraient d’autant plus d’audace qu’ils se sentaient soutenus par les garnisons