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employant chacune en moyenne dix ouvriers. Dans des exploitations employant un aussi faible effectif et qui rentrent plutôt dans la moyenne industrie que dans la grande, il est impossible d’organiser, à proprement parler, une caisse de retraite et de secours. On peut donc dire, en restant dans la vérité, que dans l’industrie minière, les patrons, sociétés ou individus, peu importe, ont organisé des caisses de secours et de retraite partout où cela était possible, et cette constatation est d’autant plus à leur honneur que le décret du 3 janvier 1813 ne leur impose d’autre obligation que de fournir à leurs ouvriers les médicamens et soins chirurgicaux en cas d’accidens, mais demeure absolument muet sur la question des secours proprement dits et des pensions. Voyons maintenant quel est le mécanisme de ces caisses. Comme elles sont au nombre de 205, il va sans dire que leur organisation est infiniment variable. On peut cependant les diviser en trois catégories.

La première comprend les caisses qui sont alimentées à la fois par des retenues sur les salaires des ouvriers et par une subvention fixe et proportionnelle des exploitans. Il y avait, en 1882, 48,966 ouvriers participant à des caisses ainsi organisées. Les retenues opérées sur leurs salaires s’élevaient à 1,052,960 francs, la contribution des exploitans à 996,952 francs, ce qui, en y joignant l’intérêt des fonds placés, les amendes, etc., constituait à ces différentes caisses un actif de 2,863,441 francs. Les dépenses s’étaient élevées à 2,643,921 francs, comprenant à la fois les frais médicaux, les secours et pensions et d’autres dépenses faites dans l’intérêt des ouvriers, entre autres celles des écoles, ce qui (défalcation faite de ces dernières dépenses), donne une dépense moyenne de 48 francs environ par ouvrier. La seconde catégorie comprend les caisses qui sont alimentées par des retenues sur les salaires des ouvriers et aussi par des subventions des exploitans, mais par des subventions qui n’ont rien de fixe et qui varient suivant les besoins des caisses. Le nombre des ouvriers participant aux caisses ainsi constituées était de 31,459. L’actif de ces caisses s’est élevé à 1,380,015 francs et leurs dépenses à 1.301,060 francs, ce qui donne une dépense moyenne par ouvrier de 42 francs environ, inférieure de 6 francs à la dépense moyenne par ouvrier des caisses alimentées par des subventions fixes. Enfin la troisième catégorie comprend exclusivement des caisses dont, à vrai dire, il ne devrait pas être parlé dans un travail consacré aux institutions de prévoyance ; car la prévoyance, même obligatoire, n’a rien à y voir. Ces caisses sont alimentées exclusivement par les contributions des exploitans, c’est-à-dire par la libéralité volontaire. 18,812 ouvriers y participaient et la dépense moyenne de ces caisses par ouvrier était de plus de 50 francs. Mais