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Tantôt la pension est constituée avec capital aliéné ; tantôt, si l’agent le préfère (mais en ce cas la pension est moins forte), le capital est réservé, c’est-à-dire qu’après lui ses ayants droit en toucheront le remboursement. Tantôt les compagnies administrent elles-mêmes leur fonds de retraites, comme l’Est, le Lyon, le Midi ; tantôt elles versent au nom de leurs agens à la caisse de l’état, comme l’Ouest, le Nord et l’Orléans. L’âge et les conditions de la mise à la retraite, facultative ou anticipée, varient également, ainsi que les bases d’après lesquelles s’établit le calcul de la pension. Mais le relevé de toutes ces différences nous entraînerait trop loin ; bornons-nous aux résultats d’ensemble. D’après les derniers rapports publiés par les compagnies, le nombre des agens participant aux différentes caisses de retraite s’élevait à 128,920. C’est là assurément un chiffre satisfaisant. Toutefois, il faut, comme toujours, pénétrer un peu dans le détail, si l’on veut se rendre compte de la situation qu’assurent à chacun les différens règlemens dont je viens d’indiquer d’une façon si sommaire les dispositions principales[1]. Comme tous les agens de la compagnie, depuis les ingénieurs en chef jusqu’au dernier cantonnier ou graisseur, participent aux caisses de retraites, il est évident que le montant des pensions servi par ces caisses est très inégal ; mais il est presque superflu de dire que le plus grand nombre de ces pensions ne dépasse pas un chiffre assez modeste, puisqu’il y a beaucoup de graisseurs ou de cantonniers pour un seul ingénieur. La compagnie du Midi est la seule qui imprime tous les ans un tableau indicatif du montant des pensions liquidées par elle dans le courant de l’exercice. D’un de ces tableaux il résulte que, sur 150 pensions liquidées en 1883, 136 étaient attribuées à des agens qu’on peut considérer comme appartenant à la classe ouvrière : 4 qui ne dépassaient pas 400 francs, étaient attribuées à de simples éclusiers, qui, probablement, sont on outre logés ; 8 s’élevaient de 400 à 500 fr. ; 4 de 500 à 600 francs ; toutes les autres dépassaient 600 francs. Je n’ai fait ce relevé que pour les retraites normales ; les retraites anticipées ou les retraites de survivance, attribuées à des veuves, s’élevant naturellement à des chiffres moindres. On peut dire que ces chiffres sont à peu près les mêmes dans toutes les compagnies. Cependant deux d’entre elles assurent à leurs employés un minimum de pension qui est à l’Ouest de 500 francs, à l’Est de 500 francs pour les employés célibataires, de 600 francs pour les employés mariés. Nous sommes loin, comme on voit, des chiffres de pensions véritablement un peu

  1. Si l’on voulait tenir compte de tout ce qui est fait par les compagnies pour améliorer la condition de leur nombreux personnel, il faudrait ajouter encore les sommas considérables dépensées par elles en secours médicaux et allocations de toute nature.