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sous le poids de ce douloureux problème irlandais et avec un ministère qui n’est rien moins qu’assuré de vivre.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La première quinzaine de mars a vu s’accentuer avec une grande vivacité, surtout dans les deux ou trois derniers jours, le mouvement de reprise dont la liquidation du 15 février avait déterminé le début. Les marchés financiers ayant manœuvré dans un ensemble parfait et l’amélioration s’étant produite en même temps sur toutes les valeurs, les changemens de cours ont été dus à la double influence des impressions relatives à la politique générale et de la situation de place résultant des liquidations effectuées avec une hâte si fébrile pendant la dernière crise. Les raisons spéciales qui pouvaient agir sur les prix de telle ou telle valeur ont été en quelque sorte fondues dans la masse des considérations d’ordre général, qui simultanément à Londres, à Berlin, à Vienne et à Francfort comme à Paris, ont commandé impérieusement la hausse.

Les impressions politiques se sont profondément modifiées. Alors que la crainte d’une guerre imminente avait pu seule expliquer la dépréciation du 3 pour 100 français à 77, du Hongrois à pour 100 à 75, de l’Italien à 92, la conviction du maintien de la paix a suffi pour ramener les fonds d’état presque au niveau où une spéculation hardie les avait poussés à la fin de novembre 1886.

La conviction du maintien de la paix est née du résultat des élections au Reichstag, des déclarations contenues dans le discours impérial lu à l’ouverture du parlement allemand, du vote du septennat militaire par cette assemblée, de l’attitude réservée de la Russie dans l’affaire de Bulgarie, de la répugnance manifeste de l’Autriche-Hongrie à s’engager dans une voie qui pourrait la conduire à un conflit armé avec la Russie.