Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/880

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
874
revue des deux mondes.


bules arrondis et séparés. Bien que sa formation continue chaque jour ; la cause en a été longtemps méconnue : elle est la conséquence de dissolutions lentes que l’on peut fréquemment constater dans des limons sableux. Les eaux de pluie qui les traversent, après avoir suinté le long de racines de plantes en décomposition, leur enlèvent un principe acide et acquièrent ainsi le pouvoir de dissoudre, sur leur trajet, l’oxyde de fer. En reparaissant à l’air, elles abandonnent l’hydrate de peroxyde de fer, à l’état de précipité brun et gélatineux. Des substances organisées contribuent ainsi à la formation de matières minérales.

D’après des recherches récentes, les sources presque bouillantes de Steamboat, aux États-Unis, précipitent non-seulement du soufre, mais de petites quantités d’or, de mercure, d’argent, de plomb, de cuivre, de zinc, qu’elles tiennent en dissolution, à la faveur de certains sels et de leur haute température. Ces dépôts paraissent être la continuation de ceux qui, dans la contrée, notamment à Sulphur-Bank, ont autrefois formé des gîtes qu’on exploite pour le mercure.


V

Ce que nous pouvons observer en nous tenant à la surface du sol ne donne qu’une idée restreinte et incomplète des actions que nous décèlent les travaux exécutés pour le captage de quelques sources thermales.

A Bourbonne-les-Bains, le fond du bassin de la principale source, dont la température atteint 68 degrés, nous a révélé des faits très remarquables au point de vue de la formation des minéraux. Cette station était florissante à l’époque de l’occupation romaine. En asséchant un puits antique, on rencontra une boue noirâtre qui contenait des débris de bois, des glands, des milliers de noisettes, tous devenus noirâtres comme du lignite, et, ce qui est plus intéressant, de nombreuses médailles. Le lavage de 4 mètres cubes de cette boue a fourni plus de cinq mille pièces de monnaie ; la plupart en bronze ou en laiton, quelques-unes d’argent et d’or. Ces dernières, au nombre de quatre, étaient aux effigies de Néron, Adrien, Faustine la Jeune et Honorius. Une vingtaine des pièces d’argent remontaient à l’époque gallo-romaine ; les autres étaient des monnaies consulaires au impériales, pour la plupart des premiers siècles de l’empire ; quelques-unes descendaient jusqu’au bas-empire. Les monnaies de bronze, de moyen et de petit module, dataient également d’époques fort différentes ; mais trois types d’Auguste y prédominaient. Beaucoup d’entre elles avaient été coupées en deux morceaux, sans doute afin qu’on ne retirât pas, pour s’en ser-