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çonnerie, tout en ayant parfaitement conservé leur texture, sont devenus durs et lourds, par suite de la matière minérale qu’ils ont absorbée et qui forme la presque totalité de leur poids. La substance originelle a presque disparu pour céder la place au carbonate de chaux, qui, par une sorte de sélection, a pénétré, comme le montre l’examen microscopique, jusque dans les moindres interstices des cellules végétales.

Le nombre des espèces cristallines auxquelles les sources minérales de Bourbonne ont donné naissance, dans un espace très restreint, n’est pas moindre de vingt-quatre. Ces combinaisons, ainsi accumulées et groupées, rappellent complètement leurs analogues des gîtes métallifères anciens. La ressemblance est frappante dans le détail comme pour l’ensemble.

On est parvenu à surprendre d’autres témoignages encore de la puissance minéralisatrice dont jouissent les sources thermales, lorsqu’elles peuvent opérer à quelque distance de la surface du sol. Dans le sous-sol qu’elles imbibent à Plombières, elles ont engendré, depuis l’époque romaine, une série d’espèces, non moins remarquables que les précédentes, bien qu’elles n’aient pas comme elles un éclat métallique pour attirer l’attention : ce sont des silicates du groupe des zéolithes, de l’opale et du quartz calcédoine.

Lorsqu’on cherche à introduire la méthode expérimentale dans la reproduction des phénomènes géologiques, on rencontre, entre autres difficultés, la brièveté de l’existence de l’homme, si courte en comparaison des immenses périodes de temps qui ont présidé à la formation de l’écorce terrestre. Heureusement, des faits tels que ceux qui viennent d’être exposés suppléent à cette impuissance et nous font assister à des expériences interdites à nos laboratoires, en nous apprenant ce que peuvent des actions très faibles, prolongées à travers les siècles. Par ces démonstrations synthétiques, poursuivies pendant vingt fois la durée de la vie humaine, la nature nous enseigne qu’elle continue à employer aujourd’hui des procédés semblables à ceux dont elle s’est servie déjà à des époques extrêmement reculées.


VI.

Voyons enfin comment les eaux souterraines s’approprient une chaleur qui en fait des sources thermales et qui les rattache, par des intermédiaires, aux phénomènes volcaniques, cependant si différens et presque opposés à première vue.

Généralement, la température des sources est à très peu près égale à la température moyenne du sol dont elles sortent. Toutefois, il en est qui sont en dehors de cet état habituel et que l’on appelle ther-