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les eaux souterraines.


ascendante. A Plombières, une galerie percée, il y a trente ans, dans le flanc granitique de la vallée, en vue d’aménager les eaux tièdes, coupa plusieurs filons de quartz et de fluorine, le long des parois desquels on voyait ces sources surgir avec force. Un incident absolument semblable s’est montré à Lamalou (Hérault) : il fallut arrêter l’exploitation des filons de cuivre et de plomb pour ne pas compromettre l’existence de l’établissement thermal, dont la mine était distante de quelques dizaines de mètres seulement. Dans le célèbre filon d’argent et d’or de Comstock, aux États-Unis, de véritables torrens d’eau chaude à 70 degrés apportent une chaleur si forte que chaque ouvrier doit être muni de blocs de glace pour rafraîchir son chantier ; aussi, après avoir fourni, en vingt ans, pour plus de 1,600 millions de métaux, ces mines célèbres sont-elles devenues d’une exploitation très dispendieuse.

C’est surtout à proximité de volcans éteints et de roches de nature volcanique, comme les basaltes et les trachytes, que les failles produisent des jaillissemens thermaux. Tandis qu’ils font généralement défaut dans la plus grande partie du plateau granitique central de la France, ils abondent dans les localités de ce même plateau que traversent les roches volcaniques. Celles de Clermont-Ferrand (Saint-Allyre et autres), du Mont-Dore, de la Bourboule, de Chaudes-Aigues, qui atteignent 81°,5, témoignent de cette parenté.

Il n’y a pas lien de s’étonner si le domaine des volcans actifs est lui-même riche en émanations de ce genre. Pouzzoles, Baies, les étuves de Néron, sont situées à proximité de la solfatare de Pourzoles et des anciens cratères d’Agnano et du lac Averne. A l’île d’Ischia, comme à la Guadeloupe, d’abondantes eaux chaudes jaillissent du flanc de volcans.

Au voisinage des roches volcaniques, on voit aussi des eaux bouillantes violemment projetées en l’air par des torrens de vapeur. Leur bruit, comparable à celui d’une chaudière, a valu le nom de steamboat à un groupe de ce genre, situé dans l’état de Nevada. De telles sources ont de grandes analogies avec d’autres où l’eau est poussée, sous forme d’une haute gerbe, par éruptions intermittentes. Ces dernières ont reçu le nom générique de geyser, du mot islandais qui veut dire jaillir. Lors des éruptions du Grand-Geyser, à la suite de bruits souterrains et d’ébranlemens du sol, l’eau s’élance verticalement jusqu’à une hauteur de 50 mètres. Au bout de dix minutes, et après quelques oscillations, tout rentre dans l’état normal. Le thermomètre, plongé à une vingtaine de mètres dans le canal vertical qui amène l’eau, accuse une température supérieure à celle de l’ébullition. A l’ouest