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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra-Comique : le Roi malgré lui, opéra comique en 3 actes, paroles de MM. De Nujac et Burani, musique de M. E. Chabrier. — Théâtre de l’Opéra : reprise du Prophète.

L’Opéra-Comique est détruit, et l’on a quelque scrupule à parler musique sur des ruines aussi récentes. Au moins ne le faut-il faire qu’après avoir rendu à chacun l’hommage qu’il mérite : regrets aux pauvres morts, au pauvre vieux théâtre lui-même, et félicitations aux artistes de talent qui, le soir du sinistre, ont été des hommes de tête et des hommes de cœur.

Et maintenant parlons du dernier ouvrage qui aura été représenté salle Favart.

Henri de Valois, roi de Pologne, s’ennuie. Il s’ennuie tant, qu’il n’a voulu voir encore aucun de ses sujets, que nul ne connaît son visage, et qu’il vit entouré de ses amis de France. Son unique désir serait d’abandonner le trône où l’a placé la volonté de sa mère, et de retourner au Louvre. Il aime mieux le second rang à Paris que le premier à Cracovie. Aussi apprend-il avec une véritable joie que les Polonais ont résolu de le chasser, qu’une conspiration est préparée par le duc de Fritelli, son secrétaire, et par la duchesse, cousine d’un seigneur du pays, le comte Laski. Naturellement, le roi s’empresse de conspirer contre lui-même : sous le nom de son ami Nangis, il se fait présenter aux conjurés, et leur promet de leur livrer le roi. Malheureusement,