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couvrir les actes, arbitraires des préfets, et qu’à assurer une sorte d’infaillibilité aux architectes départementaux et autres petits tyranneaux administratifs. Il est temps qu’ils disparaissent et qu’on mette la France au régime dont les autres nations se trouvent bien. La suppression de la justice administrative entraine naturellement la disparition du conseil d’état, qui n’a plus aujourd’hui d’autre rôle que celui : de cour d’appel par rapport aux conseils de préfecture. Sous la monarchie de juillet et surtout sous l’empire, le conseil d’état détenait une part importante du pouvoir législatif : il concourait à la préparation des lois et, ensuite, à leur exécution, sous la forme de règlemens d’administration publique, d’ordonnances royales ou de décrets, il déduisait les conséquences pratiques des règles générales posées par le parlement, et il édictait des prescriptions obligatoires. Aujourd’hui, il ne prend plus part à la confection des lois : les ministres soumettent directement à la signature du président de la république des décrets sur lesquels il n’a pas même été consulté ; il n’est plus qu’un hospice pour les invalides de la politique : sa juridiction n’est qu’un voile pour L’arbitraire ministériel : et qu’un instrument de règne.

L’administration des travaux publics est représentée, dans les départemens, par un nombreux état-major à qui la besogne manque fréquemment, et qui met ses loisirs et son instruction au service des sociétés savantes, faute d’en avoir un autre emploi. Cette administration cherche à multiplier les postes, parce qu’elle a sur les bras les jeunes ingénieurs que les écoles spéciales lui fournissent incessamment. Il serait utile de modérer ce recrutement trop actif, afin de supprimer les sinécures et les doubles emplois. Au début de notre organisation administrative, il y avait, dans chaque chef-lieu de département, un sous-préfet à côté du préfet, et un receveur particulier à côté du receveur-général ; on a pensé et l’expérience a montré que le préfet et le receveur-général pouvaient administrer l’arrondissement, chef-lieu en même temps que le département, et l’on a supprimé les fonctionnaires reconnus inutiles. Est-il bien nécessaire d’entretenir, dans chaque préfecture, un ingénieur ordinaire à côté de l’ingénieur en chef ? Un ingénieur ordinaire ne pourrait-il suffire pour deux arrondissemens de médiocre importance, et nombre de petits arrondissemens ne pourraient-ils être confiés à un conducteur de première classe ? Il y a là plus de deux cents emplois à supprimer, sans préjudice pour le service.

On a proposé, pour la marine, des économies d’une autre nature, qui résulteraient d’une meilleure utilisation du personnel. Ce ministère entretient à terre un grand nombre d’officiers, particulièrement de lieutenans de vaisseau, auxquels il ne peut donner de