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L’ARMEE ROYALE
EN 1789

III.[1]
L’ADMINISTRATION. — LA DISCIPLINE. — LE CODE. — LA TACTIQUE.


I. — L’ADMINISTRATION.

L’administration militaire était demeurée longtemps bien confuse et bien arriérée. De mauvais systèmes ou des systèmes mal appliqués, des moyens de contrôle insuffisans, une comptabilité défectueuse, trop de parties prenantes, d’employés, d’agens, de parasites, trop de gens intéressés dans les fournitures, ou simplement incapables, l’habitude du gaspillage, les mœurs du temps[2], tout se réunissait pour en faire une machine très coûteuse et très compliquée. Le roi dépensait pour son armée deux ou trois fois plus proportionnellement que les autres souverains[3], et cette

  1. Voyez la Revue du 15 mai et du 1er juin.
  2. Sont-elles si changées ?
  3. La différence énorme de nos dépenses à celles des puissances étrangères tient sans doute à ce que toutes les denrées, fournitures et matières premières à l’usage des troupes coûtent plus cher en France que partout ailleurs. Mais elle tient aussi à des points plus décisifs : à la disette d’argent où se trouve tout de suite l’administration, et de là au besoin où nous sommes de nous mettre pieds et poings liés dans les mains des entrepreneurs ; à notre maladresse à tirer parti des moyens du pays où nous faisons la guerre ; à notre habitude de ne savoir rien faire qu’avec des attirails énormes et à prix d’argent ; enfin, a tant et tant d’abus, soit de routine, d’ignorance ou de malversation, que je ne puis ni n’ose m’y arrêter. » — (Guibert, Défense du système de guerre moderne.)