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rayon et entoure un noyau constituant la majeure partie du globe. Au cœur du noyau, dont le poids spécifique 7 à 7.5 coïncide approximativement avec celui du fer, se trouverait une sphère de dimension relative assez faible, mais composée de matériaux fort lourds, non pas aussi lourds que l’or, comme l’a pensé Élie de Beaumont, mais comparables à l’argent ou au plomb (10 à 12).

Après avoir terminé son expérience (1854), Airy voulut en profiter pour peser le globe. La force d’attraction qui s’exerce dans l’observatoire souterrain dérive de l’influence des couches inférieures ; elle est contrariée par 385 mètres de terres ou de rochers surplombant. Or, ce dernier élément peut s’apprécier au moyen de sondages et d’études géologiques et permet de trouver la densité de la terre. Le chiffre qui ressort des calculs, à savoir 6.57, est évidemment un nombre trop fort, mais on n’était pas en droit d’espérer beaucoup mieux. Toutefois, l’autorité de Cavendish en fut quelque peu ébranlée tout d’abord. Après discussion et révision des méthodes et des calculs de l’astronome britannique, un Belge, M. Folie, s’est trouvé presque d’accord avec lui, au lieu qu’un Anglais, M. Haughton, a prouvé ou cru prouver l’incorrection des résultats, lesquels, mieux déduits, mèneraient au vrai chiffre 5.48. Enfin, Sterneck, en Hongrie, a opéré, comme Airy, dans la mine de Przibram, à trois niveaux différens ; mais les trois valeurs correspondantes sont ou trop grandes ou trop petites.

Non-seulement l’intensité de la pesanteur se modifie à mesure qu’on descend au-dessous de la surface, mais cette même intensité varie si l’on grimpe au sommet d’une cime élevée comme le Mont-Cenis. D’une part, l’éloignement du centre de la terre ralentit les oscillations du pendule ; de l’autre, la masse supplémentaire sous-jacente précipite un peu le mouvement. En suivant cette méthode, au fond identique à celle d’Airy, Carlini n’arriva qu’à une solution approchée : 4.8.

Maskelyne, au siècle dernier, et M. Mendenhall de nos jours, au lieu d’étudier l’énergie de la force centripète, se sont proposé d’examiner les changemens de direction que subit cette même force dans le voisinage des montagnes. Déjà, lors de leur célèbre voyage au Pérou, Bouguer et La Condamine avaient remarqué que l’action de la puissante masse du Chimborazo tendait à faire dévier le et à plomb ; l’instrument, n’étant plus rigoureusement soumis à la seule pesanteur, au lieu de coïncider avec la verticale astronomique, se relevait quelque peu. Hâtons-nous de dire que l’écart mesuré est infime et dépasse à peine 6 ou 7 secondes ; mais si l’on choisit une montagne bien isolée, bien rectiligne, orientée de l’est à l’ouest, de forme peu complexe, et que l’on répète l’observation sur chacun des