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qu’il en soit, il n’a jamais été complètement interrompu, et si nous descendons jusqu’à l’ère moderne, nous voyons constater des exhaussemens ou des dépressions dont la marche lente, mais continue, se manifeste dans certaines régions, comme la Scandinavie ou le Groenland.

Hâtons-nous, car il reste à analyser les causes indépendantes du feu central qui ont peut-être provoqué les transformations métamorphiques et engendré les volcans. Prenons une boule de fer d’une certaine grosseur et chauffons-la de manière à ce qu’elle se dilate d’une fraction donnée de son volume, d’un millième, par exemple : la sphère aura absorbé une certaine dose de chaleur dont l’effet sera d’écarter les molécules et de provoquer le grossissement. Au contraire, par le moyen d’un procédé mécanique arbitraire, comprimons notre boule de façon que le volume diminue d’un millième : il se dégagera une quantité de calorique justement égale à celle qu’il avait fallu dépenser lors de la première expérience et le fer semblera brûlant. En effet, la compression force les molécules à se rapprocher, et, par cela même, la chaleur est exprimée de même que l’eau suinte d’une éponge mouillée que l’on presse entre les doigts.

M. Mallet, lequel, malgré la tournure française de son nom, est un savant britannique, a recherché au moyen du calcul si, par les vicissitudes de contraction et de froissement, il ne pouvait exsuder de l’intérieur des rocs écrasés assez de calorique pour provoquer les réactions chimiques, et engendrer les feux souterrains. Le résultat s’est trouvé plus que suffisant, en égard à l’effet voulu ; mais, en pareille matière, des observations des faits valent encore mieux aux yeux des géologues que des formules même bien déduites, s’appuyant sur des données de nature hypothétique. Grâce à des expériences très soignées, Mallet a pu vérifier sur une petite échelle la justesse de ses pressentimens, et l’examen raisonné de certaines montagnes anglaises ou écossaises lui a révélé que les couches ayant subi la compression la plus énergique sont aussi celles où se manifestent le mieux les indices d’une transformation moléculaire graduelle. Examinée au microscope en plaque mince, la roche semble avoir subi un travail de cristallisation incomplet d’où dérive une structure feuilletée. Plus l’influence du réchauffement a été vive, mieux la texture se développe, de façon que l’axe central de soulèvement comprend toujours les roches les mieux cristallisées, comme, par exemple, le granit ; il est clair que, dans le voisinage de cet axe, l’effort subi a été plus violent qu’ailleurs. Il n’est pas nécessaire, nous l’avons déjà dit, que la température des matériaux ait été bien élevée ; pour l’accomplissement d’un phénomène de chimie