Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’épaisseur présumée de la croûte, ni à la rotation propre de la sphère ignée (P. Secchi). Le lecteur, s’il a bien voulu nous suivre : jusqu’à la fin, excusera d’autant mieux ces lacunes qu’il sera en droit, de nous reprocher l’abus des suppositions et des paradoxes trop souvent contradictoires.

Qui donc a raison ? Qui donc est dans le vrai ? Peut-être personne, mais beaucoup plus probablement tout le monde, du moins à notre très humble avis. Telle est la variété des phénomènes de la nature, telle est la complexité des lois du monde matériel, qu’il est possible que des savans d’écoles très opposées aient réellement entrevu certains détails du vaste édifice dont l’ensemble nous échappe encore ; seulement, de ces investigateurs, il en est qui ont imprudemment généralisé, au gré de leur imagination, certaines découvertes incontestables sans doute, mais purement locales. Il doit en être du monde souterrain comme de l’univers extérieur tout entier : à mesure que le niveau des études s’élève, l’œuvre du Créateur perd progressivement ce cachet d’élégante simplicité qu’on se plaisait tant à lui attribuer ; elle trahit au contraire une complication poussée à l’extrême, de nature à décourager l’esprit humain, s’il n’était insatiable de connaissances. Enfin, qu’on nous permette une dernière réflexion susceptible d’encourager les timides. Il s’agit des météorites, si bien étudiés par MM. Nordenskiöld et Daubrée : l’examen attentif de ces débris étrangers à notre planète, non-seulement nous permet de répondre à la question que posait le titre même de ce travail, mais encore nous suggère une nouvelle théorie géogénique au moins acceptable ; grâce à un certain nombre de bonnes observations d’astronomie, combinées avec une série d’analyses chimiques habilement conduites, nous voilà, dispensés d’accompagner, à la suite de M. Jules Verne, Otto Lidenbrock et son neveu Axel dans leur périlleuse excursion.


ANTOINE DE SAPORTA.