Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.

Les incidens passent, les manifestations se dissipent, les polémiques s’épuisent dans le vide : que reste-t-il de tous ces bruits, de ces agitations et ces querelles, vieilles histoires du mois dernier, des dernières semaines ? On ne s’en souvient déjà plus. C’est la saison du repos, des dispersions et des voyages : c’est la trêve universelle.

A peine voit-on à Paris une ombre de gouvernement. M. le président de la république a dès longtemps pris son congé, s’en allant à Mont-sous-Vaudrey comme d’autres vont à Gastein ou à Kissingen. M. le président du conseil voyage modestement en Suisse, se reposant des interpellations obstinées, des harangues de parlement ou de banquet, et il a le mérite de ne pas occuper le monde de ses excursions. M. le ministre de l’instruction publique est sur tous les chemins, portant dans sa valise des discours pour toutes les distributions de prix et toutes les inaugurations de statues. M. le ministre des affaires étrangères fait de la diplomatie au Mont-Dore ou à la Bourboule, avec l’ambassadeur de Russie, M. le baron de Mohrenheim, qui a passé, lui aussi, en Auvergne. M. le ministre de la guerre, après avoir visité les Alpes, est tout entier à son essai de mobilisation, qui se fait décidément dans les régions du Languedoc, autour de Toulouse, et qui est certainement le plus vrai, le plus sérieux intérêt du jour, où sont les autres ministres ? On ne le sait jamais ; ils sont peut-être au nord ou au midi, au Havre ou à Tarbes, visitant des digues ou des haras, s’instruisant dans leur métier. C’est l’histoire du moment. La politique sommeille un peu ou a l’air de sommeiller ; elle se réveillera, qu’on en soit sûr, avant qu’il soit longtemps. On se remettra à batailler sur les