Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Europe en Amérique, mais c’est la Banque de France qui a pourvu à la majeure partie de ces expéditions métalliques, et il n’a été fait, dans ces quinze derniers jours, que des prélèvemens insignifians sur l’encaisse de la Banque d’Angleterre. Aussi cet établissement a-t-il vu se relever légèrement le montant de sa réserve, et il ne lui a pas été nécessaire d’élever de nouveau le taux de son escompte.

Cette situation se prolongera sans doute encore sans changement sensible pendant la première moitié de septembre, mais il semble bien difficile à éviter que le taux de l’escompte ne soit porté à U pour 100, peut-être même plus haut, à Londres, à l’approche de l’échéance d’octobre. Pour l’instant, l’argent reste facile et abondant partout, et comme les engagemens de la spéculation ne paraissent avoir que peu d’importance, il n’y a pas lieu de prévoir une tension des taux de report en liquidation.

Op s’est occupé au dernier moment, et on a même attribué à cette raison un recul de 0 fr. 10 sur le 3 pour 100 perpétuel, de combinaisons qui seraient actuellement à l’étude au ministère des finances, à propos de la conversion en rente 3 pour 100 du fonds 4 1/2 ancien, créé par un décret du 14 mars 1852 et figurant au grand-livre de la dette publique pour une annuité de 37,212,534 francs, correspondant à une somme, en capital, de près de 900 millions de francs.

Cette opération procurerait, dans la pensée du ministre des finances, une réduction suffisante du montant de l’annuité actuelle, pour que la différence gagnée pût servir de gage à un emprunt de 170 millions, qui couvrirait, et au-delà, les dépenses figurant au projet de budget extraordinaire pour 1888. Ce projet de budget n’a pas été déposé, avec le budget ordinaire rectifié, à la fin de la dernière session, mais les chiffres en sont fixés dès à présent et s’élèveraient, pour la guerre et la marine, à 122 millions. Quant aux dépenses pour les grands travaux publics et pour les chemins vicinaux, on sait que M. Rouvier les a fait rentrer dans le budget ordinaire.

Le président du conseil n’a pas fait mention de ce projet de conversion dans le programme économique dont il a tracé les grandes lignes, le 18 courant, au banquet de l’hôtel Continental. Le monde financier a fait un accueil favorable à cet exposé de projets de réforme, dont quelques-uns suffiraient, s’ils étaient mis sérieusement à exécution, à améliorer la situation financière du pays et à donner plus d’élasticité à son crédit. Le ministre a annoncé successivement qu’une commission spéciale étudiait les ressources nouvelles que pourrait produire la taxation de l’alcool, que des réductions importantes seraient opérées dans le personnel central des ministères et dans le personnel administratif des départemens, qu’après la clôture de la session des conseils-généraux, une première expérience d’une organisation régionale