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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

On dispute depuis trois mois, on disputera longtemps encore, sans être vraisemblablement plus près de s’entendre. On s’épuisera en subtilités, en vaines polémiques sur la gauche et sur la droite, sur la tactique républicaine et sur la tactique conservatrice, même sur la révolution et la contre-révolution, comme on le fait assez plaisamment : on n’aura réussi qu’à se débattre dans le vide, à occuper les loisirs de la saison. Il n’en sera ni plus ni moins, parce que c’est la force des choses qui crée les situations, parce que ce sont les événemens qui décident de la conduite des gouvernemens et des partis.

Les événemens qui se sont passés il y a quelques mois n’ont aucun sens, ou ils ont imprimé d’avance, indépendamment de la volonté des hommes, un certain caractère au cabinet sorti presque à l’improviste d’une crise assez sérieuse. On en dira ce qu’on voudra, on épiloguera à perte de vue, le ministère qui existe encore est venu au monde pour retenir la France au bord d’une guerre préparée par une turbulente irréflexion et pour rendre au pays une certaine confiance par la conciliation et la tolérance dans les affaires morales, par la réparation et l’ordre dans les affaires d’économie publique. Il est né pour pacifier, non pour combattre, pour refaire en même temps un budget et des finances. C’est le sens évident, avoué, des premières déclarations de M. le président du conseil, déclarations qui ont pris une signification plus accentuée par les contestations dont elles ont été l’objet, et par l’insistance que le chef du cabinet à mise à les renouveler. C’est aussi ce qui explique l’attitude à demi confiante, à demi sympathique des conservateurs du parlement, suspendant toute hostilité devant un ministère de paix publique. C’est ce qu’on peut appeler un armistice tacite né