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demandé une augmentation du nombre des places fixé à vingt-neuf par l’arrêté consulaire de 1803. La première fois, leur demande était restée sans réponse ; la seconde fois, on y avait répondu par la suppression de la classe et par le rétablissement au dehors de l’ancienne académie. Maintenant que le principe de l’unité de l’Institut était sauvegardé, et que la quatrième classe, comme les autres, se trouvait assurée de conserver sa fonction et son titre, le moment semblait venu pour elle de renouveler avec plus de confiance l’expression de son vœu et, pour le pouvoir, de l’écouter avec une meilleure volonté d’y donner suite. Tout d’ailleurs s’engagea sans difficultés d’un côté ni de l’autre et se résolut promptement. Un mois à peine s’était écoulé depuis la chute du dernier gouvernement qu’un décret impérial, en date du 27 avril 1815, faisait droit aux observations présentées en élevant au chiffre de quarante et un, y compris le secrétaire perpétuel, l’ensemble des artistes à répartir dans les diverses sections de la quatrième classe, et en laissant à celle-ci le soin de choisir elle-même les douze nouveaux membres qu’elle était autorisée à s’adjoindre.

Aussitôt que le décret qui réorganisait ainsi la classe des beaux-arts eut paru, on procéda aux élections. Commencées dès les premiers jours de mai, les opérations étaient terminées avant la seconde semaine de juin, et elles avaient eu pour résultat d’ouvrir les portes de l’Institut aux artistes qui pouvaient le mieux en accroître ou en renouveler le prestige. C’étaient, dans la section de peinture, Gros, Guérin, Girodet, jeunes encore, hautement recommandés par l’éclat de leurs succès récens, et déjà chefs chacun d’une école d’où devaient sortir la plupart des peintres qui, devenus des maîtres à leur tour dans des genres différens, honoreraient le plus la génération suivante[1] ; c’était, dans la section d’architecture, Rondelet, le savant continuateur de l’œuvre de Soufflot, au Panthéon, et l’auteur d’un livre classique, alors comme aujourd’hui, — le Traité de l’art de bâtir ; — c’étaient enfin, dans la section de composition musicale, Cherubini, Le Sueur, Berton, tous trois en possession d’une brillante renommée, tous trois dignes par leurs talens de prendre place auprès de Méhul, de Gossec et de Monsigny. Quant aux

  1. Outre Gros, Guérin et Girodet, outre Carle Vernet et Meynier, qui furent élus en même temps qu’eux, les candidats aux places récemment criées dans la section de peinture avaient été : Ansiaux, Lemonnier, Serangeli, Robert-Lefèvre, Hue, Thévenin et Prud’hon. Deux de ces compétiteurs. Hue et Lemonnier, avaient appartenu à l’ancienne Académie royale ; leur candidature prouvait donc chez les irréconciliables de la veille l’intention maintenant de faire cause commune avec ceux qu’ils avaient voulu renverser. Quant à Prud’hon, à qui l’on s’étonnera peut-être que la quatrième classe ait cru devoir préférer Meynier, il n’attendit pas longtemps la réparation de son échec, puisqu’il fut élu en 1816, lors de la première vacance qui se produisit dans la section de peinture.