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LA
MARIAGE ET LE DIVORCE
AUX ÉTATS-UNIS


I

Il semble qu’à certains momens de leur histoire les nations civilisées, ces avant-gardes de l’humanité en marche vers un avenir inconnu, hésitantes, s’arrêtent et s’interrogent. Dans le demi-jour où elles cheminent, une lueur disparaît : grande intelligence fauchée par la mort ; un flambeau ne donne plus qu’une lumière douteuse : idée religieuse transmise de père en fils, institution sociale consacrée par les siècles et dont on se prend à douter, que l’on ne sait par quoi remplacer. S’est-on donc trompé ? Et de même que, sur une étroite chaussée, il suffit d’un essieu qui se brise pour retarder la marche d’un corps d’armée, de même, quand l’un des rouages de la machine sociale grince et s’arrête, force est de le réparer de son mieux.

Ces accidens sont fréquens ; ni les signaux ne manquent pour en transmettre avis, ni les ouvriers spéciaux pour y remédier. La presse donne l’alarme, les penseurs et les philosophes commentent et suggèrent, les assemblées discutent et légifèrent, et la lourde machine, tant bien que mal remise sur pied, poursuit sa route jusqu’à nouveau temps d’arrêt.

Parfois ce n’est qu’une fausse alerte, un cri d’alarme poussé par quelques impatiens que déconcertent des résultats inattendus, et