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un jour ou l’autre, et dans les combles s’opère la culture de tous les bacilles épizootiques. La création d’un nouvel édifice pour obvier à ce fâcheux voisinage est imminente, et la place ne fera pas défaut.

Les douze directions organisées correspondent parfaitement à tous les besoins agricoles de la vaste confédération, tout en se bornant au rôle de conseillères et de tutrices. Entre autres, le service de statistique intérieure et étrangère y est admirablement conçu. Sous l’impulsion de M. Hill, le bras droit de M. Rusk et le vétéran le plus instruit de la presse agricole, il poursuit et publie ses enquêtes, renseignant sans cesse les marchés sur les besoins de l’extérieur, sur les ressources indigènes, sur les stocks de la production nationale, qu’il tient de cette façon toujours en haleine.

Comme on peut en juger, la direction générale imprimée par le département est intelligente et prévoyante. Au sein de notre vieille Europe elle ferait merveilles, parce qu’elle ose beaucoup ; mais, en dépit de toute son initiative, elle se voit presque condamnée à l’impuissance, car elle est paralysée par les tarifs excessifs qui frappent la main-d’œuvre et la production agricoles au profit de l’industrie américaine, tarifs issus du système de protection à outrance inauguré par le parti républicain après la chute de Cleveland, et dont le congrès comme l’exécutif sont les deux complices responsables. En second lieu, elle ne peut plus rien contre l’immense dette hypothécaire dont le sol s’est presque partout surchargé, et dont les intérêts usuraires dévorent fatalement les produits de la terre, quelque généreuse qu’elle soit. A coup sûr, la terre du Nouveau-Monde l’est à l’excès : c’est en la baisant que le poète antique eût pu s’écrier justement : Alma parens !

En effet, si on ne considère que la prodigieuse exportation de blés, grains, cotons, etc., emportés à chaque marée des ports de l’Union à destination de l’ancien continent, dont tous les marchés sont bouleversés par cette invasion continue, il est certain que le statisticien ne peut, à première vue, qu’enregistrer une fécondité exceptionnelle à l’actif de l’agriculteur américain. Mais l’importance de la production n’est qu’un facteur dans le problème de la prospérité agricole. Reste à savoir si le fermier, qui cultive la terre pour son propre compte ou pour celui d’un tiers, retire de son travail le salaire légitime nécessaire pour assurer le présent et l’avenir des siens : telle est la contre-partie indispensable pour établir un juste calcul.

C’est ici qu’à seconde vue la statistique intervient encore utilement. Eh bien, les documens officiels émanés des autorités