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boisseaux, blé et farine. La moyenne, depuis cette époque exceptionnelle, s’est abaissée à 121,300,638 boisseaux. La moyenne de blé produit a été de 13 boisseaux par acre cultivé, de 11 environ par habitant ; la moyenne de maïs, comme nous l’avons vu, s’élève à 35.

La diminution d’exportation de blé, durant les huit dernières années, s’explique facilement par la nouvelle concurrence des blés exportés des Indes, de la Colombie, et du Canada, dont l’excellent mode de culture a quintuplé la production, comparée à celle du Far-West.

Aussi, en ces dernières années, à raison du resserrement des débouchés comme par suite de l’excès de production, la situation du fermier américain est-elle devenue difficile. Car il s’en est suivi une dépréciation de prix considérable, quoique l’accroissement de la population américaine, depuis 1880, ait amené une augmentation de 70 millions de boisseaux dans les demandes du pays. En revanche, les demandes de l’étranger ont baissé de 65 millions de boisseaux annuellement. L’exportation du blé reste pourtant bien plus importante que celle du maïs, puisque, tandis que cette dernière n’est que de 3 pour 100, celle du froment s’élève à 34 pour 100.

Après l’énumération qui précède et qui atteste la puissance exportative des États-Unis, on ne peut s’empêcher de sourire à la lecture du nouveau tarif douanier que le comité of Ways and Means (voies et moyens) a imaginé de présenter ces derniers jours au Congrès. Ne s’est-il pas, en effet, avisé de proposer un relèvement de 3 pour 100 sur l’entrée aux États-Unis des grains provenant de l’extérieur ? Quels sont donc les armateurs ou négocians étrangers assez simples pour songer à importer des céréales dans un pays qui en regorge à ce point ? Cette démonstration platonique des membres républicains du comité n’a d’autre but que de jeter de la poudre aux yeux des cultivateurs, qui attendent de la législation quelque combinaison plus ingénieuse et plus efficace pour soulager leur misère actuelle.

Il n’y a qu’en matière d’orge que la production indigène ne suffit pas encore aux immenses besoins de la brasserie américaine. Celle-ci reçoit du Canada son complément annuel, pour lequel elle débourse 8 millions de dollars. L’orge du Canada est supérieure à toutes les autres provenances du même grain, pour la confection de la bière, qui est la boisson la plus répandue. Le droit d’entrée actuel sur le boisseau d’orge est de 10 cents. Le secrétaire Rusk, qui réclame, en faveur de ses agriculteurs, une protection égale à celle qui profite si bien à l’industrie, vient de proposer