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spores amenées au jour sont soumises à l’action de l’air et de la lumière.

Nous n’insistons pas au reste sur ces fermens pathogènes du sol, car, si intéressante que soit leur étude, elle n’exerce aucune influence sur la production végétale, que nous avons seule en vue.


II

Quand on soumet des graines, des grains de blé, par exemple, à l’analyse, de façon à connaître leur composition, on y distingue facilement trois matières principales : de l’amidon, la poudre blanche bien connue, qui, gonflée dans l’eau chaude, fournit l’empois, employé pour donner au linge la rigidité nécessaire à quelques parties de notre ajustement ; de la cellulose, qui reste dans le son, séparé de la farine par le blutage ; et enfin du gluten, matière grisâtre, molle, élastique, se prenant facilement en une pâte liante.

Si on cherche quelle est la composition élémentaire de ces trois matières, si, en d’autres termes, on détermine le poids des divers corps simples qui constituent ces trois principes : amidon, cellulose, gluten, on trouve que, tandis que les deux premiers sont exclusivement formés de carbone, d’hydrogène et d’oxygène (ces deux élémens dans les rapports de poids qu’ils présentent dans l’eau), le gluten renferme, outre le carbone, l’oxygène et l’hydrogène, un quatrième corps simple : l’azote. Quand on brûle l’amidon ou la cellulose, on ne perçoit aucune odeur forte. Il n’en est plus de même du gluten. La calcination dégage ces produits à odeur nauséabonde que connaissent tous ceux qui, par mégarde, ont brûlé de la laine, des poils ou des plumes. La combustion des grains de blé entiers laisse en outre des cendres particulièrement formées de phosphates de potasse et de magnésie, et la présence de ces phosphates, reconnue dans toutes les graines depuis Th. de Saussure, fait comprendre l’utilité agricole des phosphates et l’immense commerce qui se fait aujourd’hui de ces précieux engrais[1].

Pour savoir comment le blé acquiert les élémens nécessaires à sa croissance, comment un grain confié au sol s’y développe et donné une plante qui, au moment de la moisson, renfermera vingt ou trente grains semblables à celui qui a germé, on sème ce grain de blé dans un sol formé exclusivement de sable calciné, on y ajoute des substances minérales : phosphate de potasse, sulfate de magnésie, chlorure de potassium, carbonate de chaux et, en outre, de l’azotate de chaux. On arrose régulièrement et on réussit à

  1. Voyez dans la Revue du 15 août 1892 un article de M. A. Müntz, professeur à l’Institut agronomique.