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italienne, tout entière fondée sur la défiance. » Qu’on simplifie les rouages administratifs. « L’administration locale compte 69 préfectures, 137 sous-préfectures, 58 commissariats et 69 intendances ; la magistrature remplit 4 cours de cassation, 23 cours d’appel et 161 tribunaux ; nous avons 21 universités et 11 instituts d’instruction supérieure. Rien qu’entre Plaisance et Bologne, c’est-à-dire sur un parcours de 135 kilomètres, qui se fait en deux heures un quart, et pour un peu plus d’un demi-million d’habitans, il y a 5 préfectures, 8 sous-préfectures, 5 intendances, 3 cours d’appel, 3 universités, 3 instituts des beaux-arts, une école d’ingénieurs et une académie scientifique. Croyez-vous qu’il n’y ait rien à faire pour simplifier cette organisation, qui nous coûte 60 millions ? Nous sommes esclaves des habitudes, hostiles aux grandes réformes ; nous ne comprenons pas qu’après avoir fondu ensemble tous les petits États, qui formaient l’Italie avant 1859, nous avons le devoir de faire l’Italie nouvelle, de constituer l’administration sur une base rationnelle, en tenant compte des divisions naturelles du pays, en proscrivant l’ingérence de l’État dans les affaires locales, sauf dans le cas où celles-ci sont liées aux intérêts généraux de la nation. » Mais la grande économie, il faut résolument la demander au budget de la guerre. « Le pays n’aperçoit pas, dit le député de Milan, que la mesure actuelle de nos armemens soit une conséquence nécessaire de nos alliances ; car l’Autriche fait partie de la triple alliance, comme nous, elle est même plus exposée peut-être, et elle sait concilier les exigences de sa politique étrangère avec ses ressources ; elle dépense relativement moins que nous, si l’on tient compte de sa population et de son budget de recettes… Chacun fait ce qu’il peut, et nul ne pourra nous demander d’égaler, dans leurs armemens, les nations plus riches que nous, et de nous ruiner davantage, chaque année, par un sentiment d’amour-propre mal entendu… Non, nous ne pouvons pas suivre longtemps l’Europe dans cette grande folie, qui enlève régulièrement quatre millions de jeunes gens et cinq milliards d’argent à la richesse des peuples. Espérons que l’Europe s’assagira. Mais commençons d’abord par nous montrer sages, nous qui avons tant besoin de bras et de capitaux pour cultiver nos champs, pour éviter cette honte, tandis que nous nous armons jusqu’aux dents, d’aller demander, nous nation agricole, à la Russie, à la Hongrie, à l’Amérique, le blé que nous ne savons pas produire. »

La réponse, — car c’en est une, — au discours de M. Colombo, a été le discours prononcé à Rome par M. Giolitti. Venant d’un premier ministre, elle ne pouvait être qu’optimiste. Elle l’a été franchement, largement. M. Giolitti a nié que le déficit fût de 75 millions, — j’ai toujours admiré la souplesse des mathématiques