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Le contraste entre l’attitude provocante du représentant, et la réserve dans laquelle le souverain s’enfermait, dès qu’il s’agissait de passer du conseil à l’action, était trop frappant, et le procédé qui consistait à compromettre la France, sans lui rien promettre, était trop suspect pour que, quelle que fût la timidité du ministère français dans ses relations avec son quinteux allié, on ne cherchât pas quelque moyen de sortir de cette équivoque. Il n’était pas aisé et personne ne se souciait d’aborder de front un politique redouté, qui, pour ne pas se laisser pénétrer, tenait toujours en réserve comme échappatoire quelque récrimination hautaine et sardonique. Aussi ne se décida-t-on à l’interroger directement que lorsqu’on eut épuisé toutes les voies conciliantes ou insinuantes.

Son secrétaire Darget, par exemple (celui qui avait passé à son service en quittant celui du ministre de France Valori), étant venu en France pour ses affaires, on le chargea au retour de tâcher bien prudemment de savoir quel était le fond du cœur de son maître. « Le langage du roi de Prusse, lui disait-on dans l’instruction qui lui fut remise, est bon jusqu’à présent, mais bien général, il observe depuis quelque temps le plus profond silence.