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d’un côté, le Hanovre de l’autre, et elles marchèrent de succès en succès jusqu’à Sadowa, où elles écrasèrent les forces réunies tardivement sous le commandement du maréchal Benedek.


XIII

Les défaites des Autrichiens déterminèrent le gouvernement français à intervenir comme médiateur, et il offrit aux belligérans des préliminaires de paix. Ils furent agréés, de part et d’autre, et consignés dans une première convention signée à Nicolsbourg après avoir été amendés sur quelques points. Le traité définitif fut élaboré entre des plénipotentiaires réunis à Prague et conclu le 23 août. Les éclatantes victoires des armes prussiennes avaient, d’autre part, ému le cabinet de Saint-Pétersbourg qui crut devoir suggérer la réunion d’un congrès. Voulant garder les mains libres et se soustraire au contrôle des puissances, M. de Bismarck déclina cette ouverture, et la Russie n’insista point. Nous notons cet incident parce que nous aurons lieu d’y revenir plus tard.

Dans les préliminaires qu’elle avait soumis à l’acceptation des deux puissances ennemies, la France avait pris soin d’insérer deux clauses, qui furent acceptées par le cabinet prussien après une certaine résistance : l’une stipulait que les habitans du Schleswig du Nord, en grande majorité de nationalité danoise, seraient consultés par voie plébiscitaire avant d’être réunis à la Prusse, l’autre portait que les États de l’Allemagne méridionale conserveraient leur situation autonome et indépendante, laissant aux États du Nord, appelés à former avec la Prusse une confédération nouvelle, une entière liberté de se concerter avec elle. L’Angleterre s’abstint de toute démarche, jugeant que l’équilibre continental n’était pas troublé du moment où la France n’obtenait aucun avantage nouveau.

Cependant le traité de paix n’avait pas encore été ratifié que déjà M. de Bismarck en méconnaissait les dispositions. Il s’était montré accommodant à Nicolsbourg, pendant qu’on était encore en état de guerre et qu’un retour de fortune pouvait permettre aux Autrichiens de réparer leurs désastres ; cette éventualité n’était pas impossible grâce à l’arrivée de l’archiduc Albert ramenant, à ce moment même, devant Vienne, l’armée qui avait vaincu à Custozza. Mais rentré à Berlin et la paix conclue avec l’Autriche, le ministre du roi Guillaume se ravisa ; voulant rester le maître et dominer dans l’Allemagne entière, il contraignit la Bavière et le Wurtemberg, ainsi que le grand-duché de Bade, à subir des traités d’alliance offensive et défensive qui, sous prétexte de