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l’indice d’un état de choses profondément troublé et qui ne pouvait être guéri que par une modification sensible dans le régime intérieur de l’Italie, et même dans l’état général de l’Europe.

Quoi qu’il en soit, les acclamations qui accompagnèrent le Roi à son retour de Naples à Rome étaient l’indice d’un grave danger, entrevu par tout un peuple, et le Roi y trouva un regain de popularité, qui lui avait manqué dans les derniers temps. L’attentat de Passanante fit tout oublier et l’on ne pensa plus qu’au danger qu’on aurait couru, si le Roi avait été assassiné. « Je dois constater, ajoutai-je dans mon rapport à M. Waddington, que, dans les jours qui ont précédé l’attentat, et dans les démonstrations qui ont eu lieu avant l’arrivée du Roi à Rome, on sentait dans l’air une sorte d’agitation révolutionnaire, prélude de graves événemens. La tolérance du ministère et de celui qui l’a précédé vis-à-vis îles sociétés secrètes avait porté ses fruits. On ne sentait nulle part, ainsi que je l’écrivais, il y a un mois, à Votre Excellence, l’influence du gouvernement, et les mauvaises passions profitaient naturellement de sa tolérance. »

Il m’a semblé que les douloureux événemens, qui se sont accomplis l’été dernier, donnent une triste actualité à ces pages, bien que Bresci ait malheureusement fait oublier Passanante, et qu’il n’y ait eu de semblable que le courage de la malheureuse, Reine et l’indignation du monde entier devant le crime commis., Mais on ne saurait assez répéter qu’il n’y a pas deux manières de gouverner, et la solidarité des principes révolutionnaires avec les attentats qui en résultent nécessairement dans un temps donné indiquent clairement que, si on veut les éviter, il faut appuyer et défendre énergiquement les principes contraires. Cela est vrai pour tous les pays et quelle que soit la forme du gouvernement, qu’ils aient cru devoir adopter ; mais on comprend que le Vatican ail, plus qu’un autre pouvoir, le droit de proclamer ces doctrines et de les rappeler dans toutes les occasions où leur application devient nécessaire. Il n’y a pas manqué en 1900, comme il l’avait fait en 1879.

Nous en eûmes bientôt la preuve dans la première Encyclique du nouveau Pape, qui parut au commencement de 1879. Le Saint-Père me dit, lui-même, dans une des audiences qu’il m’accorda à la fin de l’année et, sur lesquelles je reviendrai plus tard, que l’idée de l’Encyclique lui était venue le jour de la rentrée du roi Humbert, après Patientât de Passanante. Ayant appris les