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Les dernières élections effrayent beaucoup de gens. On se demande ce que produiront les élections générales et si on attendra de pied ferme une pareille épreuve. Les grèves aussi montrent la conscience qu’ont messieurs les ouvriers de leur force, et la puissance de leur organisation. Tout cela ne promet pas poires molles pour l’avenir.


Vous m’annoncez la découverte d’une intaille éginétique très curieuse dont vous me donnez l’empreinte. Ci-jointe, avez-vous dit, mais vous avez oublié tout net de la mettre dans votre enveloppe. Je suppose que vous avez été distrait par quelque dépêche diplomatique, mais je ne vous tiens pas quitte. Je suis toujours un peu souffreteux. Tantôt mal, tantôt tolérablement. Le temps est très beau et très chaud, en sorte que je vis toujours. Je ne fais pas de projets, cependant il se pourrait que j’allasse bientôt passer quelques jours en Angleterre chez des amis pour manger des grouses.

Il vient de paraître, non — on a envoyé à quelques personnes privilégiées un mémoire sur l’Algérie. On y traite fort mal l’administration, et on prouve qu’elle n’a oublié rien de ce qui pouvait nuire à la colonisation et désaffectionner les Arabes. Les généraux ont fait des bêtises, les préfets et les sous-préfets en ont fait de plus fortes, etc. Tout cela est dit en bons termes et porte la conviction, mais si on n’a pas l’habitude de deviner les gens au style, on se demande quel est le membre de l’opposition qui a fait ce pamphlet. Or il n’est pas d’un membre de l’opposition. Il est d’un homme gouvernemental qui revient d’Algérie. Il signe en toutes lettres. Je me demande si le ministre de la Guerre aura besoin d’un autre trait pour remettre son portefeuille. Il paraît que l’entrevue des deux cousins a été très froide. Le cousin tapageur[1] annonce l’intention de s’ensevelir dans la vie privée. Il renvoie son aide de camp et la dame d’honneur de sa femme, peut-être par suite de la perte de ses appointemens au Conseil privé. Tout cela fait très peu d’effet, mais réjouit beaucoup de monde. Pour moi je regrette qu’on n’ait pas tenu compte de l’aphorisme du premier Napoléon : « qu’il faut laver son linge

  1. Le prince Napoléon.