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ont été déposées à ce sujet, et le gouvernement paraît désireux d’y répondre tout de suite. Il hésite un peu, il tâtonne en ce qui concerne les demandes que les congrégations déjà autorisées ont faites au profit de leurs succursales ; il a besoin d’une règle pour savoir comment il doit procéder à l’égard du Conseil d’État, qui est juge de ces demandes. Enfin, la Chambre elle-même a nommé une commission chargée d’examiner les demandes d’autorisation qui lui ont été adressées, et cette commission ne serait probablement pas fâchée de connaître, elle aussi, d’une manière précise les tendances de la majorité. Aussi ne serions-nous pas surpris qu’un débat sur les congrégations eût lieu immédiatement, et que la Chambre y consacrât un des jours dont elle n’a rien à faire en attendant le budget. L’esprit sectaire qui souffle sur nos assemblées, aussi bien que sur le gouvernement lui-même, préjuge la conclusion d’un pareil débat. On a allumé des passions dont on n’est plus maître aujourd’hui. Gouvernement et parlement iront jusqu’au bout, comme M. Léon Bourgeois le leur a prédit naguère, ou plutôt le leur a enjoint. Nous n’avons aucun doute sur les votes qui seront émis par les deux Chambres, non plus que sur les décisions qui seront prises par le Conseil d’État. Quant à l’effet que produira sur le pays l’exécution de toutes ces mesures, c’est l’histoire de demain : nous ne l’écrirons pas d’avance.

Quoi qu’il en soit, la session parlementaire s’ouvre dans les conditions les plus inquiétantes. Elle sera vraiment la première de la Chambre actuelle, car celle de l’année dernière ne compte pour ainsi dire pas : la Chambre a approuvé docilement tout ce que faisait le ministère, sans rien faire elle-même. Elle avait sans doute besoin de se reconnaître et de se constituer. Ce travail préalable étant terminé, elle va enfin montrer ce dont elle est capable. Quand on songe à la prodigieuse stérilité de sa devancière, on est bien sûr qu’elle ne fera pas moins : mais fera-t-elle plus, et alors que fera-t-elle ? Nous aurons dans peu de jours des indications à ce sujet.


L’incident le plus considérable depuis quelques semaines est à coup sûr la défaite du sultan du Maroc par des troupes insurgées. L’Europe en a éprouvé, au premier moment, une inquiétude très vive, qui commence à se calmer un peu, mais qui pourrait bien se ranimer et prendre un caractère plus grave, si la marche des événemens, suspendue pendant plusieurs jours, se précipitait tout d’un coup. Une leçon ressort cependant de ce qui vient de se passer, à savoir qu’il ne faut pas se presser de prendre trop au tragique des faits que nous