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anciennes, les découvertes les plus rudimentaires à nos yeux, constituèrent sans doute d’étonnans progrès aux yeux de nos pères. Quel beau jour fut celui où l’on inventa la roue, la simple roue, et les échasses, ces bottes de sept lieues !


I.

Les transports urbains ne tiennent qu’une place modeste dans ce trésor d’instrumens de communication que le XXe siècle trouve, à son aurore, mille fois plus riche que le XIXe ne l’avait reçu de son prédécesseur. Sous la Restauration les rapports entre Paris, et Saint-Cloud étaient assurés par un « coucou, » qui partait trois fois par jour de la Place de la Concorde, et emmenait chaque fois sept ou huit voyageurs ; 104 trains de chemin de fer, par vingt-quatre heures, font aujourd’hui ce même trajet, sans compter les tramways de la Compagnie des omnibus et les Bateaux parisiens qui descendent la Seine.

Cette circulation locale, pour intense qu’elle soit, n’a pas grande conséquence sur la marche du monde ; elle n’a même pas eu très grande influence sur le développement moderne des villes, car elle l’a plutôt suivi que précédé ; mais elle accroît fort le bien-être du citadin. Elle est devenue une nécessité de son existence. De simples chefs-lieux d’arrondissement sont mieux dotés maintenant de voitures publiques, que n’était le Paris de Napoléon Ier avec ses 600 000 âmes.

Publiques ou privées, les voitures, — dans le sens que nous donnons à ce mot, de boîtes roulantes, couvertes et closes à notre gré, — ne sont au reste ni d’un usage, ni d’une invention très ancienne. Les chars des Romains, ou ceux des monarques asiatiques, malgré leur raffinement proverbial, étaient de pitoyables brouettes qui ne valaient pas un mauvais omnibus. La litière antique ressemblait à ce dur « cacolet, » auquel l’administration de la guerre a fini par renoncer, après avoir été longtemps seule à s’en servir.

Le véhicule du moyen âge, à la ville comme aux champs, c’est, pour les personnes, le cheval de selle et, pour les marchandises, la charrette. Les selles des chevaliers sont luxueuse à souhait, dorées, garnies de cordouan vermeil, ou blanches, brodées d’or, « de la façon de Lombardie, » et non dépourvues de certaines commodités : il se trouve toujours « une pissière en