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Partie de ses voitures circulent 18 heures, partie 12 heures ; mais bien que, le soir, la circulation parisienne soit maintenant beaucoup moins intense qu’autrefois, il n’est pas de ligne dont le dernier départ ait lieu, du centre pour la périphérie, avant minuit moins un quart. Cette uniformité n’a rien de nécessaire ; tels omnibus ne devraient marcher que plusieurs heures par jour.

La quasi-uniformité des types est aussi peu raisonnable : de grandes cités ont, pour certaines directions, de modestes véhicules à un cheval, sans conducteur, qui suffisent à un faible trafic et vivent là où l’on perdrait de l’argent avec un autre matériel. La Compagnie possède ainsi le petit tramway d’ « Auteuil-Saint-Sulpice, » attelé d’un unique quadrupède, qui part toutes les cinq minutes et gagne 32000 francs. Que ne développe-t-elle ce modèle ?

Enfin, comme l’affluence sera toujours plus grande à certaines heures qu’à d’autres, il faut que les omnibus soient élastiques, que chacun puisse contenir deux ou trois fois plus de voyageurs aux momens de presse que dans le reste de la journée ; pour cela, il suffit que leur plate-forme, couverte et close, soit triple de ce qu’elle est présentement, tandis que l’on diminuera d’autant les places assises. Et il faut aussi que l’effectif des voyageurs debout ne soit limité que par la nature des choses, c’est-à-dire par défaut absolu d’espace et non par « ordonnance de Monsieur le Maire. » Ainsi fait-on à Bruxelles, à Vienne et à New-York.

Ce sont là, pour les omnibus, de faciles progrès à réaliser, auprès de ceux qui ont été déjà accomplis, et par eux et par leurs rivaux. L’aspect de nos rues est changé depuis vingt ans, — en beau ou en laid, il n’importe, — mais si profondément, que nous pouvons répéter, à plus juste titre que nos pères, le vieux proverbe du XVIe siècle : « Ne se faut point étonner que l’on ne voie sa tête à bas ses pieds ! »


Vte G. D’AVENEL.