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les connaître dans leurs moindres détails. On prétend que des dégagemens d’hydrogène sulfuré ternissant les objets d’argent ont lieu en pleine rade d’Ajaccio, entre les îles Sanguinaires et la côte opposée.

Les sondages qui, surtout dans ces derniers temps, ont été exécutés autour des îles volcaniques par les compagnies anglaises de télégraphie en vue d’étudier les points d’atterrissage de leurs câbles ont permis de dresser avec précision le relief des abords de ces îles. Ils ont démontré combien les pentes en étaient abruptes, coupées de ravins profonds et tout à fait analogues, au-dessous des eaux, aux montagnes volcaniques continentales. Les pentes de Tristan d’Acunha sont de 33 degrés : celles autour de Saint-Paul atteignent en certains points 62 degrés ; à San Thomé, dans le golfe de Guinée, aux Açores, à Jan Mayen, aux îles Lipari, à Santorin, à l’île Amsterdam, dans les îles de la mer de Banda et l’archipel de la Société, partout, autour des îles volcaniques, les pentes sont excessivement rapides ; partout, comme pour les volcans subaériens, c’est au voisinage immédiat du cratère que se trouvent les plus fortes. Il arrive aussi que diverses îles volcaniques d’un même groupe s’élèvent d’un même massif comme d’un socle commun et ensuite, à une profondeur plus ou moins considérable, s’isolent pour former autant de pitons séparés. On le constate aux Açores, aux îles de la Société, aux Fidji, aux Samoa, au Stromboli. Tout s’accorde pour indiquer que, de même que les volcans subaériens, les volcans marins, après avoir formé par leurs déjections solidifiées un socle massif individuel ou commun, aux parois inclinées, se sont accrus par l’accumulation sur leurs pentes de matériaux éjectés, soit massifs comme les laves, soit pulvérulens comme les lapilli, et tous les débris postérieurement arrachés aux flancs du cône aérien lorsque celui-ci, d’abord sous-marin et s’exhaussant lentement par poussée souterraine, a fini par atteindre les régions superficielles de l’Océan où se fait sentir l’action des vagues et par suite l’érosion, et a, enfin, émergé au-dessus de l’eau. Si tant de volcans sont ainsi parvenus à s’élever jusqu’à apparaître aux yeux, combien ne doit-il pas en exister d’autres en train de s’exhausser, quoique encore loin d’atteindre la surface, cachés qu’ils sont sous les flots et situés en plein océan dans des parages où le hasard problématique d’un coup de sonde heureux paraît devoir être de longtemps le seul moyen d’obtenir la certitude de leur présence ?