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phénomène connu des navigateurs, ou encore à une lame dite de fond, courant avec rapidité à travers les eaux calmes du fond de l’océan, puis, tout d’un coup, remontant verticalement en suivant la montée du sol sous-marin à l’approche d’une terre. Alors, sans doute renforcée par des interférences dues à des chocs contre les sinuosités des rivages et les inégalités du fond, elle donne naissance à ces secousses verticales de bas en haut et ensuite de haut en bas qui, le long de nos côtes atlantiques françaises, ont causé bien des sinistres parmi nos pêcheurs. Le bateau brusquement soulevé et retombant éprouve une secousse qui le disjoint et le fait couler à pic. Très près de ce qu’on pourrait nommer l’épicentre de l’éruption, il se produira des tourbillons et des courans violens qu’on n’aura guère chance de constater s’ils ont lieu au large et par mauvais temps, et qu’en tous cas, on ne songera pas à attribuer à leur véritable cause.

Pendant ce temps, les matières solides éjectées, soumises à un refroidissement subit au milieu des eaux profondes à température de quelques degrés à peine supérieure à zéro, seront « étonnées. » La gigantesque larme batavique formée sera presque aussitôt pulvérisée. Selon sa nature, elle donnera naissance à des scories, à des verres volcaniques bulleux ou compacts et à des ponces. Mais les gaz chauds qui les remplissent et seront immédiatement condensés ne permettront pas aux minéraux bulleux de s’élever jusqu’à la surface. Selon leur volume, ils seront, s’ils sont petits, simplement chassés par la commotion à une faible distance de l’orifice, ou bien si, comme les ponces, ils sont à la fois de gros volume, très bulleux et en même temps de densité réelle relativement faible, étant constitués par du feldspath et peu ferrugineux, ils s’élèveront à une certaine hauteur, seront pris par les courans et emportés. Cependant, par absorption lente de l’eau, ils s’alourdiront peu à peu ; leur trajectoire s’abaissera de plus en plus vers le fond sur lequel ils finiront par se déposer très loin de leur lieu d’origine. Le verre volcanique, plus lourd parce qu’il est plus ferrugineux et plus compact, ira moins loin ; le verre complètement compact demeurera presque sur place en paillettes aplaties, les blocs de grosseur moyenne seront rares comme dans les larmes bataviques, qui ne se brisent jamais en gros fragmens. Ces diverses roches à forte température, mises en contact avec l’eau de la mer, seront vivement attaquées dans leurs portions extérieures ; elles se transformeront en