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était rentrée à Londres à la fin de décembre, pour s’aliter « en si grand danger d’une inflammation de la gorge et des poumons qu’elle s’est vue tout près de son cercueil. » Le 1er janvier 1819, à peine rétablie, elle rendait compte à son père des impressions qu’elle rapportait de son voyage. Sa lettre est datée de Brighton, où le prince-régent la recevait, ainsi qu’il le faisait chaque année à la même époque.

« Nous sommes logés chez lui et par conséquent aussi bien et aussi commodément que possible, il est toujours plein de bonté et d’amitié pour nous. Mon mari n’a eu qu’à se louer de l’Empereur et de tous ses compatriotes. Le séjour d’Aix-la-Chapelle lui a été intéressant sous tous les rapports, et moi, j’en conserve un souvenir bien précieux. Celui de Bruxelles a été bruyant et fatigant au possible, puisqu’on ne pouvait pas donner trop de fêtes et de courses à l’Impératrice. Quand ce n’était pas à dîner ou aux bals, nous étions auprès de ma belle-mère, de telle sorte qu’il ne nous restait que le strict nécessaire pour dormir. Ma belle-mère a eu l’air fort heureux de se retrouver avec nous. Elle a été enchantée de mes enfans. Paul est certainement le plus joli garçon qu’il soit possible de voir et le plus spirituel et le meilleur. Elle s’est séparée de mon mari avec un véritable chagrin. Elle me semble bien baissée et affaiblie.

« De Bruxelles, nous sommes allés passer quelques semaines à Paris, dont le séjour a été curieux dans ce moment de crise. La retraite de M. De Richelieu a fait de la peine à tous les honnêtes gens. Les dîners m’ont poursuivie à Paris comme à Bruxelles. Mais, comme j’y trouvais l’occasion de faire des connaissances intéressantes et qu’en outre, je pouvais fréquenter également et sans inconvénient tous les partis, le plaisir ne m’a pas fait songer à la fatigue. »

Le surlendemain, en écrivant à son frère, elle marque l’importance qu’elle attache au Congrès dont la réunion l’a attirée à Aix-la-Chapelle.

« La réunion d’Aix-la-Chapelle est sans doute une époque mémorable par les résultats satisfaisans qu’elle doit avoir, et bien extraordinaire par la simplicité, la concorde qui ont présidé à de si grandes questions. J’ai fait à cette occasion des connaissances intéressantes dont le souvenir ne pourra jamais s’effacer en moi. Le bonheur d’y avoir Constantin a été, comme vous pouvez vous l’imaginer, bien apprécié par moi. Il n’a pas