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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier.


M. Combes est déconcertant. Sa psychologie était encore inconnue il y a quelques jours, et nous ne sommes pas bien sûrs qu’elle ne le soit pas encore, car il y a peu de logique dans sa manière d’être, et on ne peut pas dire de lui, comme d’un autre grand personnage, qu’il ait les intentions de tout ce qu’il fait. Il semble, au contraire, d’après ses derniers aveux à la tribune, que ses intentions aillent dans un sens et ses actes dans l’autre. A le juger seulement d’après ceux-ci, on l’avait pris pour un homme qui en voulait un peu à la religion de ce qu’il l’avait quittée, et qui faisait tous ses efforts pour la détruire. Eh bien ! on se trompait. M. Combes a une âme profondément religieuse. Il cherchait une occasion de le dire, et l’a trouvée dans la discussion du budget des Cultes. Ses meilleurs amis demandaient la suppression de ce budget. Ils savaient qu’ils seraient battus, et n’attachaient aucune importance particulière à une manifestation qu’ils font machinalement tous les ans. Quand ils ont vu monter M. Combes à la tribune, ils croyaient connaître d’avance son discours : ce devait être celui que tous les ministres des Cultes prononcent en pareille occasion, et qui est presque devenu une formule de protocole. O surprise ! O stupeur ! M. Combes a fait à la Chambre une profession de foi religieuse, et il en est résulté un grand scandale. Personne ne s’y attendait, et on était vraiment en droit de ne pas s’y attendre.

M. Combes a protesté qu’il était personnellement d’accord avec ses amis de l’extrême gauche, et qu’il était arrivé à une supériorité d’esprit qui lui permettait de se passer de religion, tout en restant honnête homme ; mais il n’a pas admis qu’on pût conclure de lui aux