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gouvernement de Kostroma. Dans deux districts seulement les paysans y font 100 000 pouds (le poud équivaut à 40 livres) de torchons de tille. Pendant quatre mois, mille hommes dans un district voisin, 2200 dans un autre travaillent sans relâche à ce produit textile d’une utilité journalière. De même le village de Siméonofka fabrique pour 100 000 roubles de lapti, sandales de tilleul que chaussent les paysans. À Nijni-Novgorod, plus de 300 hommes en font, pendant la mauvaise saison, chacun ses 400 paires. Le tissage de la-toile à Iaroslav entraîne avec soi la fabrication des peignes de fileuses, des quenouilles, des rouets dans toutes les campagnes de ce gouvernement.

Le goudron tiré des arbres, notamment des bouleaux dans le gouvernement de Tver, au poids de 300 000 pouds représentant 200 000 roubles, est exploité dans 976 petits chantiers par près de 2 000 paysans.

Mais surtout le gouvernement de Tver est le pays des bottes. 20 000 hommes font sans relâche des bottes dans les villages. On en cite un, Kimr, où 627 familles, soit 55 pour 100 des habitans, ne s’occupent pas d’autre chose. Kimr est le grand centre de la cordonnerie. Au marché qui s’y tient, plus de 15 000 bottiers paysans, qui gagnent chacun par mois de dix à treize roubles, envoient leur ouvrage, exporté ensuite dans les grandes villes. Comme tous les autres ouvriers des campagnes, ils sont à la merci des agens entremetteurs qui payent par exemple les bottes blanches, réclamées en quantité par les paysans du Nord[1], de 30 à 40 copeks la paire (le copek vaut 2 centimes et demi). Il faut reconnaître que les ateliers de paysans, qu’il y ait ou non un patron, sont aussi mal organisés que possible, mais ce n’est ni l’industrie, ni l’activité qui leur fait défaut. Dans le gouvernement de Wladimir, 500 ouvriers produisent pour 80 000 roubles de bottes par an et il y a plus de 1 000 bottiers parmi les paysans du gouvernement de Kostroma.

L’industrie du cuir est, on le sait, en Russie l’une des plus florissantes. Elle prospère spécialement dans le gouvernement de Moscou où se préparent toutes les différentes sortes de peaux, jusqu’à la peau de gants. Ces peaux achetées en ville sont ensuite dispersées dans les villages et fournies aux paysans qui rendent les objets fabriqués. Moscou à elle seule en prend pour

  1. D’où le nom de Russie blanche.