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changemens profonds avaient lieu, on est en droit de penser qu’à la longue ils se manifesteraient. La prolongation de l’expérience, malheureusement, est très difficile ou impossible. On ne fait pas d’expériences longues. Les recherches américaines n’échappent pas plus que les expériences antérieures à ce défaut.

Atwater et ses collaborateurs remplacent dans la ration de l’homme des alimens gras ou féculens, par de l’alcool sous forme de vin ou d’eau-de-vie. Ils fournissent au sujet de l’expérience 100 grammes d’alcool par jour aux lieu et place d’un certain poids de beurre et de légumes, par exemple de 46 grammes de beurre et de 56 grammes de féculens ; ils constatent que le sujet se maintient avec le nouveau régime dans la même condition, dans le même parfait équilibre qu’auparavant, — et qu’ainsi l’alcool est un aliment équivalent aux graisses, aux sucres et aux farineux. — En quantité, un gramme d’alcool équivaut à 1gr, 66 de sucre, à 1gr, 44 d’albumine (viande), à 0gr, 73 de graisse.

Telle est la conclusion de ces expériences. M. Duclaux les célèbre trop. Il leur donne trop de louanges. Il va jusqu’à dire : « Il n’y avait pas de doctrine. La science n’avait pas étudié cette question. » C’est être injuste pour Voit et toute l’école de Munich, pour Pflüger et l’école de Bonn, pour Zuntz à Berlin, pour Chauveau à Paris, en un mot pour tous les physiologistes qui, depuis vingt-cinq ans et plus, exécutent et répètent des expériences, exactement instituées de la même manière. Il n’y a rien de nouveau ni d’original dans les recherches de la commission américaine, sinon l’instrumentation qui est d’une richesse et d’une complication rare, et le fait que l’épreuve porte sur l’homme, au lieu de porter sur les animaux. — Le sujet vit dans un calorimètre meublé, il y mange, il y dort, il y travaille, il y fait de la bicyclette. La paroi est formée de deux plaques métalliques entourées de trois murailles de bois. La température est maintenue constante : la chaleur est enlevée par un courant d’eau dont réchauffement est mesuré électriquement au pont de Wheatstone. Un galvanomètre renseigne sur l’inégalité de température des enceintes : l’expérimentateur y pare au moyen de fils électriques et de tubes à eau froide qu’il met en jeu sans quitter sa table. La ventilation est appréciée, réglée électriquement. Il y a des congeleurs. Il y a des pompes-compteurs. L’appareil est admirable. C’est un appareil de milliardaire.

L’expérience permet d’établir le bilan de la matière et de